mercredi 15 octobre 2008
La philosophie
Ce n'est que très tard, que je suis tombé en philosophie, comme une femme tombe enceinte. La gestation est douloureuse et il m'arrive de douter du résultat final. Accoucherai-je d'une souris? Car il est bien tard pour un rendez vous entre Zabulle et Zarathoustra.
Je nourris cet hapax tardif de lectures édifiantes sinon digestes. L'excellent Robert Maggiori me permet d'aller "à la rencontre des philosophes" par des chemins de traverse, des raccourcis, des digests pour digérer, cela paraît logique, des auteurs aussi divers que Giordano Bruno, Freud, Bertrand Russel ou Albert Einstein.
Je glane, au passage, les rares certitudes qu'un lecteur peut s'autoriser à faire siennes, la plus réelle étant que rien n'est vrai dans ces textes, que tout peut être remis en question et que choisir un courant de pensée c'est, déjà, se tromper.
Je crois qu'il faut aller en philosophie comme on va au marché, avec le souci de faire ses emplettes calmement, sans idée préconçue, curieux de tout et méfiant du reste. La philosophie est, somme toute, affaire de coeur et mon dilettantisme naturel sied à cette promenade dans les textes de Paracelse ou de Spinoza.
Dans ce musée, où les poussières s'accumulent parfois, comme les scories de charbon sur les terrils de mon enfance, il faut se garder d'adopter les enfants chéris du domaine, ils sont déjà adulés par leurs pairs et prospèrent sans nous. Platon, Hegel, heidegger, Kierkegaard sont gavés des friandises de leurs prosélythes. Certes, il faudra bien en ingurgiter quelques pensées, sauf à vouloir rester ignorant de leurs éclairages mais il y en a bien d'autres, plus discrets, intimistes, parfois écartés par leurs contemporains, mis à l'index par le pape. Je citerai, à tout hasard, Karl Jaspers ou Georg Simmel, il y en a bien d'autres.
Un écueil me gène dans le cotoiement de tous ces gens qui m'interpellent, assis à droite et à gauche du chemin que je parcours tranquillement, c'est la propension d'une grande partie d'entre eux à utiliser, pour éclairer ma lanterne (drole d'expression), l'existence d'un être suprême, transcendant toute pensée et qu'on nomme Dieu. Evidemment, cela les aide à expliquer certains mystères, certaines peurs, à répondre à des problèmes métaphysiques ou à les écarter d'un revers de main. Mais, pour rester poli, je dirai simplement "c'est trop facile!". Deux milles ans de philosophie ont été pollués par cet artifice de pensée aussi pernicieux que l'utilisation du dopage par les cyclistes du tour de France.
Bon, vous l'avez compris, Saint Augustin et Franz Rosenzweig me les cassent un peu mais, encore une fois, ne serait-ce que pour s'y opposer, il faudra bien les lire.
Je terminerai ce petit pensum en vous conseillant un philosophe moderne, fort décrié en ce moment, pour ne pas dire assailli, par une meute bien pensante. Je pense que Michel Onfray reste de marbre face aux attaques d'un Jean Bothorel, sans doute ému (joyeux euphémisme) par l'athéisme de ce "petit professeur de philosophie" (sic), ou même d'un Patrick Amine, par ailleurs prosélyte des Sex Pistols.
Michel Onfray m'a ouvert les portes du jardin. Après avoir lu son " Antimanuel de philosophie", le "traité d'athéologie", "La puissance d'exister", "La politique du rebelle" et d'autres écrits, j'ai franchi le portail grinçant et je me suis aventuré seul dans des allées que je n'aurais jamais parcourues si je n'avais pas rencontré sa pensée. Que n'ai je eu ce "petit professeur de philosophie" à 18 ans, lorsque "tonton", brave enseignant de terminale m'a détourné de cette littérature.
Alors, que Jean Bothorel continue à s'occuper de ses copains, le baron Seillière et François Pinault, et laisse la plèbe savourer les écrits de ceux qui pronent le "gai savoir". Si le meilleur aphorisme de cet ancien rédacteur du Figaro est d'affimer que "de Gaulle était plus cultivé que Sarkozy" alors le prix Nobel de littérature ne lui est pas encore acquis.
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