lundi 25 avril 2016

Construire les communes nouvelles à la campagne





“On devrait construire les villes à la campagne car l’air y est plus pur!”


Certains élus semblent vouloir prendre Alphonse Allais à la lettre, convaincus que 10 communes, éparpillées sur un territoire de 18 000 hectares, peuvent former une seule ville de plus de 10 000 habitants?


La Communauté de communes du Haut Anjou (en vert sur la carte) qui gérait quelques compétences de son niveau était fort pratique. Son regroupement, le 1er janvier 2017, avec Ouest Anjou et la Région du Lion-d’Angers (Totalité de la carte) n’est pas choquant. Son fonctionnement sera similaire, pour ne pas dire amélioré. Les services de proximité pourront être assumés en territorialisant certaines actions.


Alors, pourquoi réagir à cette décision préfectorale en créant, en lieu et place de la CCHA une ville?

Les motivations de la “réaction” sont sans doute plus complexes qu’il n’y paraît pour ne pas dire suspectes.

On pourrait imaginer que les porteurs du projet sont, par essence, les municipalités de ces communes. Il n’en est rien. C’est la gouvernance de l’EPCI qui s’est saisie de l’affaire et pèse, de toute son influence, sur les maires concernés.

Le malaise est patent au sein des conseils municipaux. Ils n’entendent qu’une seule argumentation, répétée à l’envi, martelée, sublimée par un consultant acquis à la cause.

Pourtant, l’ambiance est celle d’un mariage arrangé, comme dans les vieilles familles bourgeoises. Il n’est pas question d’amour mais de gros sous! Les vrais bassins de vie sont ignorés. Les populations ne sont consultées que du bout des lèvres.

L’exemple négatif de ces petits villages, déja mariés, et qui demandent le divorce est balayé d’un revers de main.

Les jeux semblent être faits!

Nous serons bientôt les habitants d’une ville dont les rues, pardon, les routes, seront plus longues que les rues de Paris.

Au fait, vous ai-je dit que je ne suis pas vraiment partisan de cette folie?

Alain BOURRIER

Maire de Brissarthe









dimanche 3 avril 2016

La folie des communes nouvelles

Les communes rurales vont disparaître, sacrifiées sur l'autel des raisonnements de technocrates européens relayés, avec enthousiasme, par le gouvernement français et par des élus locaux qui y voient une occasion de consolider leur accès aux petits pouvoirs de province.
Le Maine-et-Loire est le meilleur élève d'une école fréquentée par des potentats provinciaux drapés dans leurs certitudes. Cent trente et une communes ont déjà franchi le pas, plus ou moins consentantes, plus ou moins contraintes, souvent en désaccord avec leur population, consultée du bout des lèvres. Certaines le regrettent déjà et songent au divorce.

Beaucoup d'autres communes s'y préparent. De réunions de travail en délibérations houleuses, les maires et conseillers municipaux, bousculés, manipulés ou manipulateurs, vont franchir le pas. Ceux qui osent s'interroger, demander les raisons de cette fuite en avant, sont ostracisés.

La plus simple des questions à se poser est: Pourquoi?

En lisant la presse, vous connaitrez les raisons mises en avant par les tenants du mariage:

- s'adapter à l'extension des périmètres des communautés de communes voulue par l'Etat.
- bénéficier du coup de pouce financier du gouvernement qui gèle la baisse annoncée des dotations budgétaires.
- peser plus face aux autres communes nouvelles, aux agglomérations, au sein du département et de la région.
- économiser en mutualisant les services communaux, le matériel, les infrastructures.

Les moyens de forcer de forcer le passage sont multiples:

- les présidents de communautés de communes s'érigent en porteurs de projet et organisent la procédure de fusionnement. Les maires des communes impactées deviennent les figurants d'une pantomime locale.
- on force l'allure. Les dates sont imposées par le haut. Les ordres du jour des conseils municipaux sont dictés. On va même, je n'invente rien, jusqu'à fixer l'heure des délibérations pour éviter que les maires se concertent.
- on paie grassement des consultants acquis à la cause.
- on invite aux réunions populaires des maires de communes nouvelles voisines, dithyrambes de la cause. Les prises de parole sont orientées systématiquement dans  le sens d'une défense de la notion de commune nouvelle, présentée comme seul recours à la baisse des dotations.
- on crée de faux problèmes de "services de proximité". Une distance de 20 km devient rédhibitoire pour gérer une crèche ou animer un service de portage de repas.
- on agite des épouvantails financiers comme le risque de voir les communautés de communes fusionnées, retourner aux communes des compétences auparavant prises en compte telles que, par exemple, les pôles "Santé".

Les  raisons non avouées du matraquage médiatique:

- elles peuvent être purement politiques. Une commune rurale est, par essence, apolitique et le maire est, la plupart du temps, sans étiquette. Qu'en sera-t-il de communes nouvelles de plus de 10000 habitants?
- elles sont une manière inavouée de résister aux décisions préfectorales de regroupement des EPCI. En effet, recréer en lieu et place de communautés de communes regroupées, autant de communes nouvelles de même périmètre est une façon de retrouver les mêmes acteurs rassemblés autour des mêmes tables. Une sorte de pied de nez à l'Etat.
- elles permettent parfois de sauver un président de communauté de commune qui, simple adjoint dans sa propre commune rurale, ne serait plus conseiller communautaire dans un EPCI regroupé. Il faut, pour cela, qu'il se fasse élire maire de la commune nouvelle et, n'en doutez pas, c'est là un des critères majeurs de gouvernance, discuté dans les groupes de travail, bien en amont des décisions.
- elles sont la première marche d'une prise de pouvoir sur les communautés de communes regroupées. On crée, artificiellement, de grosses communes, sans cœur de ville réel autre que celui du bourg le plus peuplé, et on dispose ainsi d'un poids réel sur les décisions de l'EPCI, ne serait-ce qu'au moment des désignations des présidents et vice-présidents de cet EPCI.

Conclusion:

Nul ne m'obligera à sacrifier à cette mode. Certes, je me plierai aux décisions de mon conseil municipal mais je ne chercherai pas à l'influencer. Je lui demanderai simplement de se poser la question du pourquoi et du comment.
Les avantages devront être tangibles, mesurés, réels et les inconvénients exposés. La population devra être consultée et entendue.
Et si mon village franchit le pas, ce devra être en toute connaissance des dettes des conjoints, du montant des impôts locaux, des taxes sur l'eau, des projets d'investissement, des charges induites, des vices cachés, des compétences prises en compte par la communauté de communes future.


Ce sera un mariage d'amour et non un mariage de raison.
-
Sinon,
ce sera
un aimable célibat
assumé
consenti
heureux.
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