dimanche 25 octobre 2015

Les vieux démons

"Malheur à ceux par qui le scandale arrive" semble être une maxime de bon sens. Mais, quand un enfant dénonce l'éducateur, le prêtre ou l'enseignant ayant mis à profit les moments où il est seul avec lui pour céder à des pulsions malsaines, celui par qui le scandale arrive est ... l'enfant. Longtemps, la réaction des parents fut un mélange d'incrédulité, de peur, de méfiance. Des générations de petites filles, de petits garçons, ont été priées, fermement, de se taire.
Le sentiment de culpabilité était réservé aux victimes confortées dans ce traumatisme par la réaction des personnes à qui elles se confiaient.
Et que dire quand le tortionnaire était le papa ou la maman? Combien de mères et de pères ont détruit leur progéniture pour protéger le conjoint fautif?
Aujourd'hui, la parole est libérée, la justice est plus présente, les autorités plus attentives. Malgré quelques dérapages inverses, on ne peut que s'en réjouir.
Mais, les vieux démons ne sont pas morts.
Les tenants de l'omerta ont perdu la première bataille, mais ils sont tapis dans l'ombre. Il leur reste un os à ronger: les vieilles affaires. Malheur à celle, ou celui, qui veut profiter de leur défaite pour demander justice, réparer les oublis, relever la tête.
On les voit alors, la bave aux lèvres et l'œil injecté de sang se jeter sur toute personne ayant l'outrecuidance de vouloir déterrer les vieux cadavres. 
Les réflexes survivent habillés de méfiance, d'incrédulité, de peur du scandale. D'autres drapeaux sont brandis: le temps écoulé, la prescription, la mémoire, la notoriété. Le combat est encore plus difficile, les leviers plus sournois.
La presse, qui n'a rien compris, se fait volontiers l'écho de ces individus. Elle relaie leur colère, leurs arguments, leurs mensonges. Un scoop est un scoop! Tant pis si le résultat final est pire que le résultat escompté! Avec un grand bâton, on remue le fond de la fosse septique sans se préoccuper des mauvaises odeurs que cela induit.
C'est triste. 
Que dis-je? 
C'est lamentable.



La rue qui divise la commune
Une lettre accusatrice, des élus qui décident de retirer un nom à une rue et c’est Brissarthe qui se divise.
La rue de la discorde longe l’église et l’ancien presbytère. Une bonne centaine de mètres plus loin, elle débouche sur le parking du vieux port. La municipalité de Brissarthe s’apprête à retirer le nom de cette voie. Depuis le printemps, le sujet empoisonne cette commune de 600 âmes, divisée en deux clans : les pour et les contre. Au-delà de l’affaire, les relations se sont dégradées. La paix reviendra-t-elle ? « Pas si sûr », reconnaît-on de part et d’autre. « Ça va laisser des traces ».

Retour arrière. Le 30 avril dernier, une sexagénaire domiciliée à 40 km de la commune mais qui a passé sa jeunesse à Brissarthe écrit au maire. Elle demande officiellement que le conseil municipal change le nom d’une rue. Celle d’un abbé ayant officié de nombreuses années auprès des paroissiens. La dame porte des accusations graves envers le prêtre décédé depuis 1970. Comme l’affaire n’a jamais été jugée, c’est la présomption d’innocence qui prévaut.

Pourtant, quelques jours plus tard, le conseil s’empare de la demande et à la majorité de 10 voix pour et 3 contre décide de répondre favorablement à la demande de l’auteure du courrier.

Très vite la décision - jugée « hâtive » par ses détracteurs - alimente les conversations. « Le sujet est conflictuel et perturbe la commune », lâche le maire Alain Bourrier, peu disert. Il estime qu’un de ses conseillers « agite le chiffon rouge » en s’opposant à l’avis majoritaire. Patrick Debarle, l’élu en question, n’a pas l’intention de plier l’échine. « Je ne supporte pas l’injustice, la manipulation ». Il en fait « un principe de fonctionnement démocratique ».
La rue de la discorde longe l’église et l’ancien presbytère. Une bonne centaine de mètres plus loin, elle débouche sur le parking du vieux port. La municipalité de Brissarthe s’apprête à retirer le nom de cette voie. Depuis le printemps, le sujet empoisonne cette commune de 600 âmes, divisée en deux clans : les pour et les contre. Au-delà de l’affaire, les relations se sont dégradées. La paix reviendra-t-elle ? « Pas si sûr », reconnaît-on de part et d’autre. « Ça va laisser des traces ».

La mise en place d’une commission, censée examiner les conséquences de la décision municipale, n’a en rien apaisé les esprits. En cause, la composition de ladite commission. Pour le conseiller récalcitrant, « On ne devrait pas remuer une affaire comme ça autant d’années après, alors que la personne incriminée, morte depuis longtemps, ne peut pas se défendre. Je ne dis pas que ce que raconte la dame n’a pas existé. Je dis qu’une municipalité ne peut pas, sur simple lettre, jeter ainsi l’opprobre sur quelqu’un ».

A-t-on réuni une assemblée de sages ? A-t-on alerté les pouvoirs publics ? A-t-on contacté l’évêché ? Non. La décision de la commission « a pris en compte la parole qui se libère souvent de nombreuses années plus tard », souligne le maire bien décidé « à maintenir le cap » par « principe de précaution ». Gérard Martin, l’abbé actuel de Brissarthe, aimerait « sortir tout le monde par le haut ». Il constate que dans cette affaire « des gens souffrent ». Il prône « la discrétion » et « ne veut pas juger, ni prendre parti ». La municipalité « se pose en juge », rajoute-t-il. « Elle prend ses responsabilités ».

Dans un camp, on évoque le lien familial avec la « plaignante » pour expliquer l’empressement du maire et son implication personnelle. On remarque qu’aucune démarche n’a été engagée à l’époque où la rue a été inaugurée en 1987. L’autre camp n’apprécie pas le conseiller municipal, ce « Parisien à l’allure de grand bourgeois » passé maître dans l’art « d’emmerder » le peuple.

Lui, venu couler une retraite paisible sur les bords de la Sarthe reste droit dans ses bottes. « Si un simple courrier suffit à dénoncer quelqu’un, où allons-nous ? », s’indigne-t-il. « Pas question d’être juge et parti. Nous, élus, ne sommes pas aptes à porter un jugement sur une affaire grave ». Si la décision est maintenue en l’état, il est prêt à déposer plainte auprès du tribunal.

La municipalité paraît fragilisée. Les dossiers municipaux abordés depuis (travaux et fusion) sont désormais chargés de suspicion. Deux élus ont démissionné, trois seraient passés dans « l’opposition »… sur huit élus. Brissarthe bruisse de rumeurs. Quand retrouvera-t-elle la sérénité ?

Bref!
Tous les acteurs du psychodrame sont réunis. 
Ceux qui osent braver les vieux démons sont des manipulateurs, des empoisonneurs, des perturbateurs hâtifs.
Celui qui s'y oppose est droit dans ses bottes, ne pliera pas l'échine, ne supporte pas l'injustice et défend un principe de fonctionnement démocratique.
Cherchez l'erreur!
Les conséquences, mal mesurées par la municipalité seront désastreuses pour la commune! Le vieux démon agite la crécerelle de la lèpre, les braves gens prennent peur et demandent des comptes.
Amalgame incroyable entre des événements anciens et l'affaire, on y associe le fait que  des conseillers ont démissionné. On se met à rêver de troubles hypothétiques au sein du conseil. On introduit une opposition virtuelle dans ce groupe très soudé! On fait circuler une pétition qui recueille 31 voix sur 625 habitants dont 10 de villages voisins! Pour un peu, on en appellerait au pape! Sa réponse les surprendrait sana doute!
Le maire exerce son droit de réponse ainsi:
Dix élus du conseil municipal de Brissarthe vous demandent de publier cette réponse à l’article paru dans votre journal du 8 octobre.


Une sorte de pétition a circulé dans le village dans les jours qui ont suivi la décision, prise à 10 voix contre 3, de débaptiser la rue Rémi ORIOT. Bien qu’elle n’ait recueilli que 31 signatures, nous respectons profondément  l’avis des personnes ayant ainsi exprimé leur désaccord.

Un des élus opposés à notre décision et dont il faut savoir qu’il habite dans la rue touchée par le changement de nom, utilise tous les leviers dont il dispose pour relancer le débat.

C’est son droit. Cependant, il nous appartient de faire savoir à vos lecteurs que certaines affirmations sont, pour le moins, erronées.

Il est faux de dire que le conseil est fragilisé. Au contraire, notre cohésion n’a jamais été aussi forte. Nous débattons, une fois par mois et en toute sérénité, de sujets importants liés aux investissements et aux fusions à venir et, lors du dernier conseil, toutes les décisions ont été prises à l’unanimité.

Certes, deux élus ont démissionné, le premier en septembre 2014, le second en mars 2015. Difficile de faire le lien avec une délibération de mai 2015 !

Trois élus sur huit seraient passés dans l’opposition. Nous nous demandons de quel groupe il s’agit ? Treize élus siègent au conseil dont aucun ne se réclame d’une quelconque opposition.

Sur le fonds de cette « affaire »,  nous affirmons n’avoir porté aucun jugement sur le prêtre objet de la démarche incriminée. Conscients du temps écoulé, de la prescription des faits, de l’impossibilité d’en apporter la preuve, nous avons pris une décision purement administrative. Nous en avons référé à l’épiscopat, par l’intermédiaire du curé de la paroisse. Aucun avis ne nous est parvenu à ce jour.

Si besoin est, notre assistance juridique nous accompagnera et, à quelque chose malheur est bon, cela nous permettra d’avoir une réponse formelle sur la légalité, ou non, de notre décision.

   La municipalité résistera, avec courage et pugnacité,  aux vieux démons!

 Car, ne l'oublions pas,
nous sommes au XXI ème siècle!







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