mercredi 20 avril 2011

La poule de mon histoire d'Ô. Histoire l'Ouche.






C'est un petit étang auprès de ma maison, envahi en avril par les chatons des saules. Cela lui donne un air négligé et durera jusqu'au premières pluies. Les ondées nettoieront cette poussière grise qui salit son miroir et gêne les grenouilles. Parfois, les poules d'eau tracent d'éphémères chemins dans cette pellicule de surface et marquent l'étang de leurs mystérieuses randonnées. Mais, comme les nationales autour de Paris, toutes ces routes partent d'un osier qui, sous les yuccas acérés, renouvelle ses rameaux.




En approchant sans bruit, j'ai fait fuir l'oiseau noir et découvert son nid au pied du jeune arbuste. Il est garni de trois œufs blancs piquetés de taches marron. Les délicates oves annoncent à l'avance que le jardin bientôt retentira des rires de mes petites filles cherchant des friandises. Semées par les cloches de retour de Rome, les œufs et les lapins seront bleus, rouges et verts, bien moins jolis que les trésors de la poule qui caquète bruyamment, cachée sous les rebords de la rive opposée, inquiète et volubile.
Dans quelques jours, la poule sera suivie sur l'eau par quatre ou cinq petites boules noires, promptes à plonger sous la surface, à la moindre alerte. Avec beaucoup de chance, les oisillons survivront aux dangers qui les guettent, à la fouine sanguinaire ou au malin corbeau, qui, fondant parfois du ciel, les attrape avec son bec et les emmène au loin.
Et, si c'est le cas, ils reviendront peut-être, dans un an ou deux, construire un nid dans mes yuccas, mes osiers ou mes saules, et permettre, encore une fois, que je m'émeuve au spectacle de la vie.

Dernières nouvelles de la couvée:
Voici une photo prise le 29 avril. Les œufs sont maintenant au nombre de huit! J'espère photographier les petites boules noires avant qu'elles ne se jettent à l'eau.


La naissance

C'est un petit étang au creux de mes prairies,
Envahi, en avril, par les chatons des saules.
La peau sombre de l’eau les livre au vent qui rit
De leurs vagabondages aux arabesques folles.
Au creux d’un jeune osier s’est blottie une poule,
Aux plumes d’encre noire et au bec jaune et rouge.
M’entendant approcher elle s’est mise en boule
Et sous elle on peut voir les oisillons qui bougent.
Ils sont huit et celés au duvet protecteur
Mais, le gallinacé se démène et caquette
Puis, les ayant cachés, exorcise sa peur,
En volant bruyamment vers une autre cachette.
Sur la rive opposée il va et vient sans cesse
Inquiet, volubile, pestant contre l’intrus
Qui de son nid douillet a déniché l’adresse
Et l’en a délogé sans se montrer confus.

                            Zabulle

Rien à voir mais, comme ça commence pareillement, je vous redonne du Rimbaud!
C'est tellement joli le rein beau!

 *

C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

dimanche 3 avril 2011

Les morilles de Brissarthe

Ce matin, de bonne heure et de mauvaise humeur, 
Mal foutu, mal rasé, avec l'envie de mordre,
J'étais seul au jardin, parmi les herbes folles.
Un zorille est passé, malcommode et bougon, 
Et j'ai envoyé paître ce petit râleur. 
Cela lui convenait fort peu, je dois le dire 
Et j'ai appris des mots, en langue de moufette.
Bien que lointain cousin, car j'ai été zoreille,
Le petit carnivore m'a traité de gorille, 
Mal rasé, mal léché, et puis mal embouché. 
A une lettre près, il m'aurait vu morille, 
et pourquoi pas morelle pendant qu'il y était.

Pourtant dans mon jardin, au dessous des charmilles,
Avril nous a donné les premières morilles.
Chaque année elles viennent peupler le jardin,
De leur minois d'éponge avide de rosée.
Quand elles auront pris un peu plus d'envergure,
Nous les rassemblerons en jolie ribambelle
Et au fond du grenier, sous la charpente grise
Elles rabougriront leurs alvéoles claires.






Le poulet n'est pas né qui les verra reprendre
Cette forme d'arbuste au fond d'un verre d'eau
Avant de rissoler au fond de la gamelle
Et rendre la saveur sublime de leur chair.


Photos prises le 3 avril 2011









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