dimanche 18 novembre 2012

Généalogie de la famille Saint Blancat (Haute Garonne) liée à Jean Louis PESCH auteur des Sylvain et Sylvette

Les généalogistes sont des rats d'archives, recherchant dans le dédale des registres paroissiaux, des registres d'Etat-Civil, des tables décennales, des listes de recensement, des registres matricules, la trace de leurs ancêtres. Ils suivent des pistes, plus ou moins obscures, pestant contre les pattes de mouches de certains curés ou officiers d'Etat-Civil, les encres qui ont pali, les pages déchirées, les moississures, les lacunes. Ils haïssent les communards qui ont brulé les deux collections parisiennes, catastrophe incroyable pour tous ceux qui descendent d'anciens habitants de la capitale.
Parfois, au sortir d'un taillis, ils débouchent sur des chemins balisés, progressent par bonds avant de retourner dans la forêt profonde, dans un entrelac de ronces ou d'orties.

J'ai cru longtemps être dans une impasse définitive quant aux ancêtres d'un cocher parisien, du nom de Pierre Saint Blancat. Sa fille Marie Louise Saint Blancat se marie à Paris, le 13 novembre 1894.  C'est inquiétant! Qui dit Paris, dit Commune et incendies. Or l'acte de mariage indique que Marie Louise est née à Paris en 1867. Autant dire que son acte de naissance est parti en fumée les 23 et 14 mai 1871!

Je tourne en rond pendant quelques mois.

Puis la mairie d'Aubervilliers vient à mon secours. Je dois dire ici que cette ville de Seine-Saint-Denis peut être citée au Panthéon des amateurs de généalogie. Son service "Archives-Documentation" est d'une incroyable efficacité et, qui plus est, ils sont d'une extrème gentillesse. Ils me trouvent le mariage d'un frère de Marie Louise, François René Saint Blancat et, miracle, il est indiqué dans le texte du mariage, que ce frère est né en Haute Garonne, au Fousseret en 1864.

Ainsi, entre 1864 et 1867, la famille a "émigré" vers la Capitale. L'intérêt de cette découverte tient dans le fait que la Haute Garonne n'a pas brulé ses archives!!!

L'indien repart sur le sentier. Il parcourt le chemin inverse de la migration des Saint Blancat.

La suite est amusante. Notre cocher parisien est bien né en Haute Garonne. Ouf! il fut conçu par un militaire de passage à Bonrepos-sur-Aussonnelle. Jacquette Paris, ayant fauté avec un certain Jean Saint Blancat, accouche de Pierre le 18 septembre 1840. Le militaire a le bon goût de reconnaitre Pierre:

12 Octobre 1840


Reconnaissance d’enfant naturel
Le douze octobre mil huit cent quarante, à Cette, par devant Antoine Marius Salomon Vivarez et son collègue, notaires à la résidence de la ville de Cette, soussignés___
___ A comparu Monsieur jan Saint Blancat, jardinier, né et domicilié à Fousseret, arrondissement de Muret, département de la Haute Garonne, deuxième cavalier à la deuxième compagnie du Corps du Train des équipages de passage à Cette.
___ Lequel a déclaré qu’il est le père de Pierre, né à Bonrepos, département de Haute Garonne, fils naturel de Jacquette Paris, inscrit sur les registres de l’Etat-Civil de la dite commune de Bonrepos comme fils de la demoiselle Jacquette Paris, né de père inconnu et que le dit Jean Saint Blancat ajoute être né le dix huit septembre mil huit cent quarante.
___ Par suite de cette reconnaissance, Mr Saint Blancat entend que son fils ci-dessus désigné, soit désigné sur les registres de l’Etat-Civil et partout ailleurs, sous les noms de lui comparant et donne tous pouvoirs à tous porteurs de cet acte de faire opérer la mention de cette reconnaissance sur le registre de l’Etat-Civil de Bonrepos.
___Dont acte________
Fait et lu au comparant en l’Etude et les minutes de Mr Vivarez en présence des sieurs Rome Jaumel, limonadier, domicilié à Cette, Terrien François, deuxième cavalier aux mêmes compagnies et corps que le comparant et Gabriel Douat, sergent au 26è régiment d’Infanterie de Ligne, 1er bataillon, sixième compagnie au dépôt à Cette.
Signé avec les notaires non le comparant qui de ce requis a dit ne le savoir. Les dits témoins ont attesté l’individualité de Saint Blancat.________
___Rome Jaumel, F Terrien, Douat, Cazalis Nre Vivarez Nre signés à la Minute____
____En marge de laquelle est la mention d’enregistrement dont la teneur suit.
____ Enregistré à Cette le douze octobre 1840 fol 136 V.O.E. reçu cinq francs décimes cinquante centimes.
Signé Delaya.

 Puis, Jean Saint Blancat embarque pour l'Algérie. Malheureusement, à Oran, il contracte une pneumonie qui l'emporte, six mois après la naissance de son fils.

Service des hôpitaux militaires.
Extrait mortuaire.
Commune d'Oran.
Armée de l'Algérie. Hôpital militaire d'Oran.
Du registre des décès du dit hôpital, a été extrait ce qui suit:
Le sieur Saint Blancat Jean, soldat au septième détachement du Train des Equipages militaires, immatriculé sous le numéro 14204 et annuel 650, né le seize juillet mil huit cent dix sept à Fousseret, canton du dit département de Haute Garonne, fils de Jean Marie et de Marie Avéradère est entré au dit hôpital le vingt neuf du mois de janvier de l'an mil huit cent quarante et un et y est décédé le dix neuf du mois février de l'an mil huit cent quarante et un, à dix heures du matin par suite de pneumonie.Je soussigné, comptable du dit hôpital, certifie le présent extrait véritable et conforme au registre des décès du dit hôpital.
Fait à Oran le dix neuf février mil huit cent quarante et un.
Mées ainsi signé.
Nous, Sous Intendant militaire chargé de la police de l'hôpital d'Oran certifions que la signature ci-dessus est celle de monsieur Mées, officier comptable, et que foi doit lui être ajoutée.
Fait à Oran le dix neuf du mois de février mil huit cent quarante et un.
De Saint Brie ainsi signé.


Pierre sera donc élevé par un certain Joseph Dauban, nouveau compagnon et mari de Jacquette. Dans la Haute Garonne, il épousera, en 1863, Louise Toureau, de Juvardeil, dans le Maine-et-Loire, avant de boucler ses malles, de prendre la direction de Paris et d'y concevoir Marie Louise.
La boucle est bouclée.
¨
Pour la petite histoire, j'ajouterai que Marie Louise Saint Blancat rejoindra Juvardeil, village de Louise Toureau où elle élèvera son petit-fils, un certain Jean-Louis POISSON qui n'est autre que Jean Louis PESCH, le célèbre dessinateur de la série des Sylvain et Sylvette.






1 commentaire:

Anonyme a dit…

Sylvain et Sylvette,qui ont ravi mon enfance !
Merci Monsieur Pesch.
AG

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