Je me suis insurgé plusieurs fois dans ce blog à propos des mensonges distillés dans nos livres d'histoire. En effet, ce n'est qu'à l'âge d'adulte que j'ai compris que les chemins de notre connaissance avaient été bornés à gauche, et à droite, par les idéologies étatiques ou religieuses.
Non contents de romancer notre mémoire collective, les historiens l'ont repeinte en rose ou en noir, pour répondre aux souhaits de leurs ministres ou de leurs commanditaires.
Ainsi, il serait amusant d'interroger les gens de la rue sur les personnages ayant marqué la fameuse "Guerre de cent ans". Déja, vous pouvez être assurés que la majorité des personnes interrogées sera incapable de vous dire quoi que ce soit sur cette période troublée de l'histoire. Ne parlons même pas des dates.
Une minorité semblera plus savante et résumera l'épisode à une guerre entre les français et les anglais, à cheval sur les XIV et XVème siècles, se terminant par les actions décisives de Jeanne d'Arc, boutant les anglais hors de France.
Penchons nous sur le bac à sable. En effet, les fourmis anglaises et françaises s'étripent joyeusement, grosso modo de 1328 à 1453. Cinq rois se succèdent pendant cette période sur le trone des capétiens: Philippe VI, Jean II, Charles V, Charles VI, Charles VII. La peste taille à grands coups de faux les populations épargnées par les chevauchées anglaises et par la famine.
Jean II passe une bonne partie de son règne à Londres, après avoir été fait prisonnier à Poitiers. On ne peut pas toujours être victorieux dans le Poitou. Charles VI, entre deux périodes de folie, regarde ses oncles se disputer le pouvoir.
Arrive alors des fins fonds de la Lorraine une pucelle. Elle fait partie d'une série d'envoyées de Dieu qui arrivèrent trop tôt, ou trop tard, à la cour de Charles VII. Celle là tombe pile au moment où le roi a le plus grand besoin de redorer son blason. Elle a été annoncée par une prophétie de Brigitte de Suède, rédigée au milieu du XIVè siècle et qui dit à peu près ceci: "La France sera détruite par une femme et restaurée par une pucelle des marches de Lorraine". Ceux qui accordent foi à cette prophétie attribuent le rôle de destructrice à Isabelle de France, fille de Philippe le Bel, épouse d'Edouard II et mère d'Edouard III, l'ennemi anglais.
Jeanne a 17 ans quand elle reconnait Charles VII au milieu de ses courtisans le 6 mars 1429, elle vient de l'est de la France. Le 8 mai 1429, elle délivre Orléans. Elle échoue devant Paris le 8 septembre 1429, est capturée devant Compiègne le 23 mai 1430 et est brulée le 30 mai 1431. Fulgurante épopée d'une jeune fille de dix-huit ans, sacrifiée par Charles VII après services rendus. Epopée de deux ans vers la fin d'une guerre de 125 ans...
Il faudra encore près de 22 années de guerre pour venir à bout des anglais.
Un de nos personnages politiques modernes, grand connaisseur des "détails de l'histoire" a pourtant fait de cette étoile filante le porte étendard de ses troupes. Il y a sans doute des détails plus importants que d'autres.
Il faudra attendre le début du XIXème siècle et le Romantisme pour que la pucelle soit extraite de ses oubliettes et remise au goût du jour. Michelet par ses élans lyriques contribuera à exalter le personnage. Monseigneur Dupanloup, célèbre pour d'autres exploits, tentera de faire canoniser Jeanne mais il faudra attendre 1909 pour pouvoir accoler l'attribut de sainteté à le jeune martyre.
La boucle sera ainsi bouclée, avec éclat.
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