samedi 27 novembre 2010

Maurice Couallier Poète brissarthois

" Les coiffes d'Anjou, ce sont des papillons,
de grands papillons blancs qui, palpitantes ailes,
se posent sur le front en fleur des jouvencelles."
Maurice COUALLIER
 *****
Au détour d'un vieux livre, je découvre avec étonnement un poème de Maurice Couallier, prix de poésie 1909 de l'académie française avec une pièce en vers: "Au tombeau de Virgile".
Maurice Couallier est né à Brissarthe le 13 mai 1869, de Jacques et de Camille Rottier.

Le pont des souhaits

Au fond de la Lande bretonne            C'est un vieux pont d'une seule arche
Que l'ajonc au printemps jaunit          Si vieux que les plus vieux menhirs
Où la bise pleure en automne             Sont jaloux de ce patriarche
Il est un vieux pont de granit.             Plus ancien que leurs souvenirs            

     Aussi très vieille est la légende
     Que l'on répète aux alentours
     Elle dit que ce qu'on demande
     Sur ce pont s'accomplit toujours.

     Moi, dit Rose aux yeux de pervenche
   "Je voudrais un roi pour époux
    Un beau carrosse aux mules blanches
    Et des sujets à mes genoux

    J'aurais au front une couronne
    Au doigt j'aurais un diamant;
    Et cependant je serais bonne 
    Et douce à tous également"

"Oh! moi", dit en révant Janie          
Tandis que son œil se voilait          
D'enfantine mélancolie,
En suivant l'eau qui s'écoulait          







"Je voudrais, comme les nuages       Visiter des terres nouvelles,
Dont la course ne finit pas,                 M'embarquer sur les grands vaisseaux,
Partir pour de lointains voyages,       Oui, je voudrais avoir des ailes
Un jour ici, demain là-bas,                  Pour voler, comme les oiseaux!"


"Rose!-Janie!-Heure bénie,               -Oh! répond-elle, je suis reine
Comme autrefois, asseyons nous...    Au bras d'un rude laboureur:
- Quel pays as tu vus, Janie?             Car je commande en souveraine
-Rose, quel prince est ton époux?     Dans sa maison et dans son cœur.


"Le purs joyaux de ma couronne      "Dans mon palais,.. couvert de chaume
Sont les dix yeux de mes enfants;     Le bonheur habite avec nous,
leur petit peuple m'environne            Et les sujets de mon royaume
En doux cortèges triomphants.          Viennent sauter sur mes genoux..

Alors, Janie au doux œil sombre        Par un long mal, au lit clouée,
Dit: "Le vieux pont avait raison        Ma mère ne peut plus bouger.
J'ai fait des voyages sans nombre,    A la soigner je suis vouée
Mais sans sortir de la maison.           Et j'ai du temps pour voyager.
.
Je lis tout haut. Quand la fatigue       Je pars! La brise enfle les voiles
Vient clore ses yeux adorés,              De mon vaisseau silencieux,
Au vent du rêve, je navigue                Et je vogue vers les étoiles
Sur les flots bleus inexplorés!            Qui sont les navires des cieux...

Ainsi, par la lande bretonne                Et le vieux pont sur qui, sans nombre
Où la bruyère avait fleuri,                   Pèsent les siècles infinis,
Rose et Janie, un soir d'automne,      Leur répondait tout bas dans l'ombre
causaient, sous le ciel assombri.         "Que vos doux rêves soient bénis"

                     Maurice COUALLIER

Merci à M A. MIRONNEAU Inspecteur de l'Enseignement Primaire de la Seine qui a intégré ce poème dans son "choix de lectures".  Librairie Armand Colin 1917.

Et encore:

Par le bourg qui somnole un dimanche d'été
 Autour du clocher gris, coiffé d'ardoise fine
Le vieux joueur, fidèle à la boule angevine,
S'achemine, à pas lents, vers sa "société".

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