dimanche 19 octobre 2008

La fin du capitalisme?

Ces ouvriers qui font la pause vers 1930 m'inspirent un petit billet sur la crise d'octobre 2008.
Souvenons nous, en 1929 ils voyaient peut être passer leur patron, touché par le krach boursier de cette année là et qui venait de sauter de l'étage au dessus!
A la suite de ce krach, keynes avait énoncé que l'équilibre entre consommation, production et plein emploi ne peut dépendre uniquement du jeu des marchés. Il prônait une sorte de surveillance du pouvoir politique qui permit de redresser la barre et de vivre ce qu'on a appelé : "les trente glorieuses".
Les entreprises de l'époque lient le destin de leurs ouvriers à leur propre existence. A l'intérieur de ces firmes, on entre à 18 ans, on en sort à l'âge de la retraite après y avoir fait entrer ses enfants.
L'Etat, pour soutenir ces entreprises lance des grands travaux et assume les aspects sociaux.
Malheureusement, ce meilleur des mondes, avec ses bienfaits et ses imperfections, bascule aux alentours des années 70, avec une nette augmentation du chômage et en même temps de l'inflation, ce qui constitue une anomalie par rapport à ce que pensait les économistes keynésiens.
La tarte à la crème des politiques de cette période est d'essayer les recettes de relance de la consommation mais cela ne marche pas et les vieilles pratiques tayloriennes ou fordiennes sont impuissantes à augmenter la productivité.
C'est alors que la Bourse entre en scène. Le vrai manager d'une grande entreprise n'est plus son D.G. mais un fond d'investissement ou le groupe d'actionnaires qui possèdent son entreprise.
Ces gens là prônent une absence totale de contrôle politique des marchés. Ils affirment qu'une "main invisible" va, infailliblement, réguler les marchés par le jeu de la concurrence et les interactions entre chômage, inflation, faillites. Plus encore, ils affirment que la perte de compétivité des entreprises est due aux aides apportées par les Etats-providences.
Le libéralisme, cher à sarkozy, est pourtant à l'origine de tous les krachs qui ont suivi celui de 1987, celui des caisses d'épargne américaines, celui de la "bulle internet" en 1990.
Quel effet a, sur les entreprises, la gouvernance actuelle des boursicoteurs?
Ces gens là veulent de la thune et rien que de la thune. Donc, le manager local resserre sa production dans une tranche minimale de savoir faire, au détriment du reste. L'un des premiers effets pervers est qu'il externalise tout le reste, cantine, nettoyage, sécurité, comptabilité et j'en passe. On dégraisse et on se sépare de tout ce qui faisait la diversité des employés du groupe. Par ailleurs, on automatise à outrance et on délocalise vers une main d'oeuvre à bon marché le coeur du mêtier. On s'assoie sur les problèmes sociaux qui en découlent en confiant à l'Etat le soin de payer les chômeurs. On s'assoie sur bien d'autres problèmes d'ailleurs, éthiques, écologiques, moraux;
Dans le même temps les banques se libèrent de la tutelle des organismes chargés de les surveiller en créant une nouvelle race d'établissements qui, parce qu'ils ne gèrent pas les dépôts, échappent à la surveillance. Ce sont les banques d'investissement. Même les compagnies d'assurance, assises sur des trésoreries confortables, se disent qu'il y a de la thune à gagner et créent des départements "Finances". A quoi servent ces départements "finances"? A assurer les créanciers contre les pertes dues aux débiteurs insolvables. Vous comprenez pourquoi AIG, assureur américain, fait faillite à cause des subprimes?
Pour que les bilans de ces activités "spéciales" ne fassent pas apparaître les flux de thunes dans la comptabilité des assureurs ou des banques de commerce, on crée des structures indépendantes qui se ruent sur les crédits risqués et les placements du même acabit.
Pourquoi les subprimes me direz vous? Ben c'est très simple. C'est parce que l'occidental en général, et l'américain en particulier, aime vivre à crédit, que c'est sa liberté et son choix de vie. Avec des taux très bas, on relance la consommation. On baisse pudiquement les yeux sur le surendettement des familles, sur la baisse de l'épargne et on incite Jo le plombier à s'acheter la même bagnole que le yuppie du coin. Le problème c'est que le yuppie s'enrichit avec les traites du plombier pendant que celui ci s'endette.
Notez bien que, dans le même temps et puisque tout le monde achète au dessus de ses moyens, l'inflation explose ainsi que le coût de vente immobilier !
Notez bien également que, toujours dans cette même période, un calcul approximatif estime à 100 milliards d'Euros le montant des thunes encaissées par les traders, les yuppies, les dirigeants d'établissements financiers. Comparez cela aux 1000 milliards d'Euros perdus en quelques semaines par ces mêmes établissements. Cherchez l'erreur. Croyez vous que les traders vont rendre leurs thunes? Non, je pense même qu'ils continuent à en engranger car, que ce soit à la hausse ou à la baisse, un trader fait de la thune!
(*)
D'ailleurs, en ajoutant Keriel aux trois loulous de la Caisse d'Epargne rattrapés par la patrouille cela fait, au total, quatre rapaces cloués sur la porte du silo à blé, sur l'ensemble des vautours !
Ces gens là ne mettent pas en jeu leur propres thunes mais les votres. On leur donne 10% sur les gains qu'ils engrangent et ils ont donc intérêt à "jouer" le plus possible de thunes. Les dirigeant mettent des garde-fous mais, dès qu'ils ont le dos tourné, les types appuient sur leur bouton comme des forcenés. Si ça marche ils gagnent une fortune. Si ça ne fonctionne pas, ils camouflent pendant quelques jours le temps de retenter le truc pour combler les pertes et si ça ne marche toujours pas ils s'appellent Keriel. Vous mettriez votre main à couper que les patrons de Keriel n'ont pas détourné pudiquement les yeux quelques jours en se disant "et si ça marchait!".
Bon, ça m'achalle tout ça comme disait le père Gilbert (Cherchez pas!). Sachez seulement que:

1) Les traders ont ramassé plein de thunes.
2) Les banques ont perdu plein de thune.
3) L'Etat va nationaliser quelques banques, rembourser quelques dettes.
4) Que l'Etat c'est vous.

Alors, si le bouclier fiscal de Sarkozy ne vous concerne pas, préparez vous à sortir vos thunes et surtout, gardez le sourire!

(*) Il y avait hier à la télé un gros con qui expliquait comment gagner de la thune à la baisse:

1) Si vous étes certain que ça va s'effondrer dans la journée, vous "vendez" pour un million d'Euros d'actions
(que vous n'avez pas dans votre portefeuille) le matin de bonne heure.
2) La bourse s'effondre de 10% (Par exemple).
3) Le soir vous achetez pour 900000 Euros d'actions identiques. Cela comble votre déficit en actions réelles.
4) Il vous reste 100000 Euros en liquide.

Cela s'appelle spéculer à la baisse et, en période de crise, c'est quasiment infaillible.

Vous allez me dire "mais alors, pourquoi la Caisse d'Epargne a perdu 6 millions d'Euros?

Parce que les trois traders couillons, au lieu de vendre le matin, ils ont acheté. Ils ont du se gourer de bouton. A moins qu'ils aient écouté Sarkozy la veille qui disait que ça allait augmenter!

Ils m'auraient téléphoné, ils auraient fait gagner 6 millions d'Euros à la Caisse d'Epargne. C'est pas sorcier tout de même!






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