dimanche 24 octobre 2010

Le fantôme de Robert le Fort, sis en l'église de Brissarthe

(Je parle de l'endroit où je le rencontre! )

Je note, avec stupéfaction, que personne ne me croit quant à l'existence du fantôme de Robert le Fort dans l'église de Brissarthe. Tout se passe comme si, les spectres n'avaient droit de cité que dans les vieux châteaux, les demeures hantées, les caveaux de famille.
C'est pour cela que Robert a tenu à m'expliquer le côté atypique de son errance. Il eut préféré, lui aussi, hanter ses descendants mais les Normands l'estourbirent loin de ses pénates, loin de tout château. Certes, de nombreuses tombes parsemaient les abords de l'église mais, elles étaient mérovingiennes. Autant dire ennemies! Leurs occupants légitimes ne furent pas très Francs avec lui, certains même se montrèrent très Gaulois! Après que les Bretons et les Vikings eurent repris leur route, vers leurs bases de départ, il décida donc de rester dans l'église. 
Onze siècles et des poussières plus tard, il est toujours là. Il a vu défiler des milliers de paroissiens, puis des touristes mais, depuis quelque temps, les visites se font rares. Le curé du coin se partage entre plusieurs paroisses et les messes sont très épisodiques. Robert s'ennuie!
Le 5 septembre 1987, il eut la surprise de rencontrer un de ses descendants, S. A. R. Alfonso Jaime Marcelino Manuel Víctor María de Borbón y Dampierre .
Alphonse de Bourbon était alors l'aîné de ses descendants mâles par primogéniture, l'héritier des rois de France pour les légitimistes. Alphonse II était venu célébrer le millénaire des capétiens, en compagnie de nombreuses personnalités dont Mr Jean FOYER. L'ancien Garde des Sceaux prononça un discours remarquable et Robert fut flatté par les marques de respect qu'on lui prodiguait à titre posthume. Ce fut une bonne journée!
Il aimerait bien, aujourd'hui, voir Louis XX, le fils d'Alphonse II et m'a demandé d'intercéder en ce sens auprès de lui.
En attendant, rien ne vous empêche de visiter notre église. Je vous propose de vous guider, de vous raconter la bataille de Brissarthe et même de vous dire comment, de Charles le Chauve à Hugues Capet, le sceptre royal passa de main en main, chez les carolingiens, puis chez les robertiens, puis de nouveau chez les carolingiens, avant d'échoir pour neuf siècles aux capétiens, descendants directs de Robert le Fort.
Il suffit, pour cela, de m'envoyer un petit mail. 
Nous pourrons organiser ensemble votre accueil.
Je peux également recevoir une classe, dans le cadre de son cours d'histoire.



NB: I speak English as a Scot after three whiskeys, but I'll do it for the better with our friends in Great Britain.

jeudi 21 octobre 2010

De Robert le Fort et Charles le Chauve à Hugues Capet

Mon village, je vous le disais dans un précédent billet, fut le théâtre d'une sanglante bataille entre Francs, Bretons et Normands, en 866. Je vous livre, ici, le fruit de mes conversations nocturnes avec le fantôme de Robert le Fort. Je le rencontre au fond de l'église, près du sarcophage où il se cache quand il est dérangé par les paroissiens ou les touristes. Il est bougon, querelleur, mal embouché mais tellement intéressant!

< Sarcophage mérovingien dans l'église de Brissarthe>

Aujourd'hui, il m'aide à démêler l'écheveau des rois de Francie occidentale qui se sont succédés de 842 à 987. Au cours de cette période deux dynasties se sont côtoyées, aidées ou affrontées, les carolingiens et les robertiens. Les robertiens finirent par évincer les descendants de Charlemagne au profit de leur propre dynastie. De 987 à 1789 (notez l'amusante symétrie des dates) sous le nom de capétiens, ils seront les rois de France.
 *********
 A compter du partage de l'empire de Charlemagne entre les fils de Louis le Pieux, la part échéant à Charles le Chauve peut être distinguée sous l'appellation de Francie Occidentale.Elle comprend la Neustrie, l'Aquitaine, la Gascogne, la Navarre, la marche d'Espagne, la Septimanie, une moitié de la Bourgogne et la France (Ile de France actuelle).

Le périmètre de ce vaste territoire évoluera constamment et des rois se succéderont à sa tête, issus de la dynastie des Carolingien et parfois de la famille des Robertiens, quand il y aura vacance du pouvoir.
La lignée de ces rois est complexe mais, je vais essayer de vous guider dans ce dédale.

N.B: N'hésitez pas à cliquer sur le nom des rois cités pour en savoir plus!

Charles est le quatrième fils de Louis le Pieux, issu du second mariage de ce roi. Il est le premier roi de cette Francie Occidentale, issue du traité de Verdun (842).

Comme il est de coutume chez les Francs, il s'entoure de compagnons fidèles à qui il octroie des "honneurs", des bénéfices et des missions.

C'est ainsi que Robert le Fort se voit attribuer plusieurs comtés dont celui de Tour et l'abbaye de Marmoutiers. En 853, il est nommé missus dominicus de divers comtés de Neustrie. Les missus dominicus doivent rendre la justice, faire respecter des droits royaux, contrôler les officiers royaux et en particulier les comtes, recevoir les serments d'allégeance, superviser la conduite et le travail du clergé et vérifier l'orthopraxie au sein de l'Empire.

Après une brouille de quelques années avec Charles, Robert le Fort se voit attribuer la marche de Neustrie vers 861. C'est la raison pour laquelle nous le retrouvons à la Bataille de Brissarthe en 866. Il y trouve la mort.L

La Francie médiane a été partagée, entre temps par Lothaire, entre ses trois fils:
Lothaire II, Charles et Louis. (Violet, orange et rose)
À la mort de Charles le 25 janvier 863, probablement à Lyon, son royaume est ébranlé par des troubles, et Lothaire II, contrairement à un accord passé avec Charles en 859, ne peut imposer son autorité sur la totalité du royaume de Charles (En orange). Seuls les comtés de Lyon, Vienne et Vivarais,  lui reviennent tandis que la Provence, c'est-à-dire les provinces ecclésiastiques d'Arles, d'Aix et d'Embrun, passe, quant à elle, sous l'autorité directe de son frère aîné Louis, empereur d'Occident et roi d'Italie.

Quand Lothaire II meurt, en 869, Charles le Chauve et Louis le Germanique se partagent ce tiers de la Francie Médiane, situé au nord. (En violet sur cette carte)

L'empire est désormais partagé en trois:

Louis le Germanique (en vert)
Charles le Chauve (en rouge)
Louis II (en rose)

Comme l'indique son surnom, Louis II bégaie, ce qui l'empêche de s'exprimer en public et nuit à son autorité.

Son accession au trône est contestée par plusieurs seigneurs. Il hérite de la Francie occidentale, largement étendue par son père, Charles le Chauve. De santé fragile, il meurt le 11 avril 879.



3) Louis III (863/879-882) et Carloman (867/879-884) 

A la mort de Louis II le Bègue, l'archevêque de Sens, Anségise couronne en toute hâte ses deux fils , Louis et Carloman.
Ils sont rois de concert mais se partagent la Francie Occidentale comme il apparait sur la carte ci-contre. Louis au Nord et Carloman au sud.
Pour être complet, ajoutons qu'à la mort de Louis III, en 882, Carloman reprend la totalité de la Francie occidentale, jusqu'à sa mort, survenue en raison d'un accident de chasse, le 6 décembre 884. Il a dix-sept ans.

A la mort de Carloman, le dernier fils de Louis le Bègue, Charles, est trop jeune pour prendre la succession de ses frères. Nous le reverrons plus tard!
Les aristocrates Neustriens appellent donc au pouvoir Charles le Gros, fils de Louis le Germanique.
Ce dernier a accumulé les charges royales. D'abord roi d'Italie en 879, puis pleinement roi de Francie orientale en 882 en même temps que roi de Lotharingie.
Charles le Gros devient donc roi de Francie occidentale en 885. Seules la Bretagne et la Provence lui échappent.
Le souverain ne se montrera pas à la hauteur de cette charge notamment dans son combat face aux Normands, préférant souvent acheter leur départ plutôt que de les combattre.
D'une santé mentale déficiente, faible d'esprit et de corps, il est destitué, en 887, par une diète de grands dignitaires.
Un problème se pose aux dignitaires Francs au moment de la destitution de Charles le Gros. Les deux seuls carolingiens susceptible de faire valoir leurs droits à la couronne sont alors le dernier fils de Louis le Bègue, Charles, âgé de 9 ans et un petit fils de louis le Germanique, Arnulf. de Carinthie. Mais ce petit fils de Louis le Germanique se contentera de la Germanie avant de devenir, en 895, roi d'Italie et empereur d'occident.

Charles est écarté en raison de son jeune âge et, pour la première fois, un robertien devient roi des Francs.

Ses partisans, réunis à Compiègne, "font" roi ce fils de Robert le Fort en raison de son courage et de son efficacité, face aux Normands. Ne vient-il pas de remporter une victoire sur l'Aisne, face à une armée de Danois?  Arnulf, lui même le reconnait comme roi et le reçoit avec honneur à Worms.
Cependant, en 893, les partisans de Charles tentent de l'installer sur le trône de ses frères mais, trop peu nombreux, ils finissent par se contenter d'une promesse faite par Eudes de lui laisser son trône, lors de sa mort.
A la mort d'Eudes, Charles a 19 ans. Il règnera, avec de grandes difficultés dues à l'émancipation des puissants princes de Flandre, Bourgogne, Aquitaine et France (Ile de France). Il est déposé par les grands du royaume le 30 juin 922.






Robert est le frère cadet d'Eudes. Il est en paix avec Charles le Simple jusqu'en 921. Mais, Charles mécontente les nobles en favorisant un certain Haganon et en se rendant souvent en Lotharingie dont il est devenu roi en 911. Robert prend la tête de la conspiration et Charles doit s'enfuir en Lorraine.
Robert est sacré roi à Reims le 30 juin 922. C'est le deuxième roi robertien de cette époque.
 Il meurt le 15 juin 923, à la bataille de Soisson, engagée contre les partisans du roi déchu. Malgré tout, le parti de Charles le Simple est défait, au cours de cette bataille.





Raoul est le gendre de Robert 1er. Il a épousé sa fille, Emma. Il est duc de Bourgogne au moment où, les dignitaires francs peu désireux de rendre sa couronne à Charles le Simple, après la mort de Robert 1er, la confient à ce Raoul qui n'appartient pourtant à aucune des grandes familles franques.

Après treize années d'un règne difficile, marqué de luttes incessantes contre les Normands, il meurt en 935.




C'est Hugues le Grand, fils de Robert 1er, qui fait venir Louis, fils de Charles le Simple, afin de rétablir une lignée carolingienne absente depuis 922. Louis était en exil en Angleterre. Dans les faits, Hugues le Grand devient le second du royaume avec le titre de duc des francs. Il est le véritable maître du royaume.

En 954, Louis décède d'une chute de cheval en poursuivant un loup, du moins c'est ce que dit la légende.





10) Lothaire (941/954-986)

Le fils de Louis IV d'Outremer et de Gerberge de Saxe succède à son père le 12 novembre 1954.

Lothaire règnera 32 années, sous la houlette de Hugues le Grand et de l'archevêque Brunon de Cologne.

N'hésitez pas à cliquer sur le lien ci-dessus pour en savoir Plus.

A la fin de sa vie, il se heurte à Hugues Capet, le fils d'Hugues le Grand, qui l'empêche d'affermir son pouvoir.

Il meurt le 2 mars 986, à Reims.




Le bouquet final du feu d'artifice des carolingiens est un pétard mouillé.Louis succède à son père en 986 et meurt d'un accident de chasse le 22 mai 987. Ce jeune roi ne mérite pas cette brève épitaphe et mérite que vous alliez voir ses actions en cliquant sur son nom mais, le résultat est là, Hugues Capet peut saisir sa chance et se faire élire roi des Francs.




Ainsi, après la bataille de Brissarthe, 10 rois se sont succédés. Carolingiens Robertiens ou  Bivinide (Raoul), ils ont fait le lit de la dynastie des Capétiens, issus des Robertiens, qui règneront désormais sur la France, jusqu'en 1789.

Mais là, c'est une autre histoire.
En attendant,
Cliquez sur ce lien pour voir l'expansion des Francs de 481 à 870:
LIEN

NB

Les lieux où périt Robert le Fort sont menacés. L'église de Brissarthe fait partie de ces trésors architecturaux laissés à la charge des petites communes et qui finissent, faute de moyens, par être fermés au public ou même livrés aux pelleteuses.

Depuis le début de 2016, la Fondation du Patrimoine abrite une souscription ouverte pour les travaux de Notre Dame de Brissarthe.

N'hésitez pas à faire bouger le compteur en effectuant un don en ligne à la Fondation. Il sera directement affecté à notre belle église.

Aujourd'hui, 18 juin 2016, ce compteur affiche:


Pourquoi ne pas faire évoluer le montant par un don en ligne immédiat.

La procédure est simple:

1) Cliquez sur cette somme ou sur ce lien et constatez par vous-même l'évolution du montant des dons depuis le 18 juin..
2) Cliquez sur le rectangle vert : JE FAIS UN DON.

3) Indiquez le montant du don.Il n'y a pas de petit don!
10 €, 20 €, 100 € ......

4) Cliquez sur DON EN LIGNE

5) Créez un compte sur  le site de la Fondation du Patrimoine en suivant les indications de ce site.

6) Validez votre don et accédez au site sécurisé de la Fondation du Patrimoine. Choix donné entre impôt sur les revenus, impôt sur les sociétés, impôt sur la fortune).

7) Voilà, c'est fait. Vous recevrez dans quelques jours une attestation qui vous permettra de déduire 66% de la somme donnée de vos impôts sur le revenu. (60% si vous êtes une société, 75% sur l'ISF)

8) Revenez sur le compteur, il s'est immédiatement incrémenté du don que vous venez de faire.

Notre Dame de Brissarthe vous remercie

NB: Vous pouvez également télécharger le bulletin de souscription en cliquant sur le lien :

Je fais un don par chèque
Télécharger le bulletin de souscription.

Visitez le site de l'Association de Sauvegarde du Patrimoine Brissarthois
en cliquent sur ce lien

vendredi 15 octobre 2010

Robert le Fort. La bataille de Brissarthe. Sauvegarde du patrimoine brissarthois

L'église de Brissarthe fut le théâtre d'un événement historique de première importance et, depuis plus de onze siècles, le fantôme du comte d'Anjou, Robert le Fort, erre entre ses murs, étonné de voir la manière dont le sculpteur David d'Angers l'a représenté, cheveux aux vents, avec une hache dans la main droite alors que c'était une épée. Lui qui se protégeait avec un bouclier rond, observe le magnifique bouclier triangulaire dont l'a doté l'artiste. Il s'amuse de la perplexité des historiens quant à l'endroit où il fut enterré. Lui même ne le sait pas qui a vu les normands charger sa dépouille dans un chariot afin de la soustraire à la vénération des siens. Comment cela j'invente! Il me l'a dit lui même lors d'une de nos rencontre près du sarcophage mérovingien où il se réfugie la nuit pour dormir. Et, croyez moi, il s'inquiète de l'avenir de notre église quand des petits morceaux de la voute atterrissent à ses pieds. Et il m'a chargé de vous le dire: "
Sauvez l'église de Brissarthe, parce qu'elle le mérite!
Cliquez sur le lien ci-dessus pour visiter le blog de l'association créée en octobre 2010
pour la sauvegarde de cet édifice.


Observez ce saisissant tableau de Henri LEHMANN, conservé au musée national des châteaux de Versailles et Trianon.
Il fut commandé par Louis Philippe vers 1837 et illustre la bataille de Brissarthe. Robert le Fort y trouva la mort en 866. On notera le portail de l'édifice qui, sans doute, était moins imposant à cette époque. Mais, notent certains chroniqueurs, l'église était déjà en pierres, ce qui démontre l'importance de ce village au IXème siècle.
L'histoire:
Et pour commencer, les raisons de la présence de Robert en Anjou.
Le traité de Verdun (843) partage en trois l'ancien empire de Charlemagne, dont Louis le Pieux avait hérité en 814.

Pour résumer:
- Louis (le germanique) se voit attribuer ce qui se trouve à l'est du Rhin, ce qui correspond quasiment à l'Allemagne Fédérale amputée de la rive gauche du Rhin.
- A Lothaire, échoit une contrée allant de la Hollande actuelle au nord de l'Italie.
- Charles (II le Chauve) obtient tout l'ouest de la France actuelle, du nord au sud, sans la Bretagne.
A noter qu'un quatrième fils, Pépin est décédé en 838, avant le partage, sinon il eut fallu couper en quatre!
Ces quatre là se sont déjà bien battus avant le fameux traité. Il faut dire que Charles n'est qu'un demi frère des trois autres, conçu par Louis le Pieux avec une certaine Judith de Bavière, après que Ermengarde ait rendu l'âme.
Bref, comme dirait Pépin* , le gâteau a été coupé en trois.
Or, notre Robert, qui ne s'appelle pas encore Le Fort, est né en Rhénanie, entre 810 et 820, de Robert III de Hesbaye et de Waldrade. Nous sommes, en ce qui le concerne, dans une famille franque très influente, dans la lignée des Robertiens. Logiquement, il devrait faire allégeance à Louis mais, bizarrement, il se rallie à Charles.
Son destin sera désormais lié à celui de Charles le Chauve, nous verrons plus loin en quelles circonstances.
J'appelle votre attention sur une curiosité de la carte ci-dessus, extraite d'un vieux livre d'histoire. Les villes qui y sont portées sont: "Paris, Reims, Cambrai, Amiens, Lyon, Orléans, Bordeaux, Toulouse, Fontanet (Voir Bataille de Fontanet), Fraxinet et Brissarthe! Je vous assure qu'il n'y a aucun trucage!
Les Normands.
En cette même époque, les riverains de la Seine, de la Loire et de bien d'autres fleuves, voient passer de drôles de bateaux, peuplés de drôles de marins, pas très sympathiques, c'est le moins qu'on puisse dire Quand ils s'arrêtent, ils pillent, violent, torturent et font passer de vie à trépas bon nombre de ressortissants locaux. Ces hommes du nord (Normands) deviennent très encombrants.

 

La carte ci-dessus montre que nous sommes surtout concernés par des vikings venus du nord de la Scandinavie (Norvège actuelle) et des régions correspondant aux actuels pays baltes. Qu'importe, ils posent problème et Charles le Chauve en perd ses derniers cheveux.

Les Bretons
Nous avons remarqué que la Bretagne est  hors du giron de la Francie. Or, les bretons sont assez belliqueux et Charles est obligé de leur donner quelques gages importants. Notez qu'en 866, la partie occidentale de l'Anjou, dont Brissarthe, par exemple, appartient aux bretons qui se sont engagés, en échange, à rester calmes.
Le roi de la Bretagne, en 866, est Salamun. En 857, il a fait assassiner son prédécesseur, Erispoé, dans une église. En 863, par le traité d'Entrammes, il obtient de Charles le Chauve la contrée située entre les rivières Sarthe et Mayenne.
En 874, il sera assassiné par son gendre Pascweten et par le gendre d'Erispoé, Gurvant. Pour la petite histoire, sachez que ses bourreaux lui arrachèrent les yeux, ce dont il mourut dans la nuit.
De nos jours, Salamun est vénéré par les bretons en tant que Saint Salomon (ou Salaün) bien que l'Eglise ne l'ait pas reconnu comme saint.


Robert le Fort devient marquis.
Depuis 852, Robert est comte d'Anjou et de Touraine. Plus tard il sera également comte d'Orléans et  de Blois. Le roi lui confie également la charge de protéger une partie de la Neustrie, contre les bretons. C'est ce qu'on appelle une Marche, et cela lui octroie les prérogatives d'un Marquis.
Une autre marche est créée, en Neustrie également mais plus au nord. Elle est confiée à Adalard le Sénéchal. Elle est tournée vers ces hommes du nord, déjà incrustés dans cette contrée à laquelle ils donneront leur nom, la Normandie.
Vous pouvez constater sur la carte ci-contre que la Neustrie (Entourée de jaune) correspond, de nos jours, à une vaste région s'étendant de Tour à Soisson et des frontières de la Bretagne au delà de Reims. Vous suivez toujours?

La bataille de Brissarthe
A la fin de l'été 866, les Normands font alliance avec les Bretons pour retourner au Mans, dévasté une première fois en 865 et où il doit bien rester quelques trésors à piller.
Ils partent de Saint-Florent-le-Vieil, où ils ont une base permanente, remontent la Sarthe jusqu'à Brissarthe, traversent à gué, et vont au Mans.
Pourquoi Brissarthe me direz-vous? Et bien , à cette époque, c'est le seul endroit où on peut traverser la rivière avec des chevaux, des chariots et autres objets lourds. Bris veut dire pont, passage ou gué, en gaulois, et il est admis que c'est l'étymologie du nom de ce village.
(briva (= pont) ou variante bria : Brive, Chabris, Samarobriva (ancien nom d’Amiens), Briva Isara (ancien nom de Pontoise), Briovera (ancien nom de Saint-Lô), etc..)
Notez bien que ce qui est vrai à l'aller, le sera au retour, et Robert  (ci-contre à gauche) a le temps de préparer un accueil musclé pour les compères pensant, à juste titre qu'ils vont réapparaitre dans quelques jours.
Il est flanqué de Rannoux, comte de Poitiers, et de Hervé et Geoffroy, des comtes du Maine. Cela fait environ huit cents hommes décidés à en découdre avec les Bretons et les Normands.
Nous devons à Réginon de Prüm ( à gauche) le récit de la bataille. Certes, cela fut écrit quarante ans plus tard mais nous n'avons rien d'autre sous la main.
Faisons bref.
Surpris par le guet-apens, taillés en pièce, les bretons et les normands se réfugient dans l'église. C'est un édifice en pierres, fait rare en cette époque. Retranchés derrière les murs, ils sont difficiles à combattre.
Il fait chaud, l'arbitre siffle la mi-temps, et tout le monde va prendre sa douche.
Malheureusement, les pillards en profitent pour effectuer une sortie. Il semble que Robert néglige d'enfiler sa broigne et de remettre son casque. Blessé à mort à l'entrée de l'église, il y est entrainé par l'ennemi. Rannoux est blessé par une flèche tirée d'une fenêtre de l'édifice. Geoffroy est tué, Hervé  est blessé.                                                                                                     
C'en est fini de la détermination des francs. Sans leurs chefs, ils se débandent et rentrent chez eux. C'est le triste épilogue de cette bataille, peu connue, mais qui eut un réel impact sur l'avenir de notre pays. Le surnom de Le Fort ne sera attribué que par la suite à Robert, ce qui est le lot habituel des héros, encensés post mortem.

La mort de Robert le Fort, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

mercredi 13 octobre 2010

Les chardonnerets.

D'habitude, je suis un homme de l'ombre. Entendez par là que je me prive du spectacle de la nature pour éviter les reflets du soleil sur l'écran de mon moniteur. Le rideau de mon bureau est donc toujours fermé pendant que je tapote frénétiquement sur les touches du clavier.
Ce matin, d'autorité, Maguy a ouvert le rideau et j'ai laissé faire! La pièce s'est illuminée d'un grand rectangle blanc, vert, rouge, rose, bleu. Tout un pan du jardin est entré dans ma bulle, impérieux, indiscret, joyeux, et j'ai bien été obligé, en maugréant, de lui prêter attention.
Et, ce que je redoutais est arrivé! Les fleurs ont réussi à me distraire. J'ai dû les regarder pour comprendre leurs oscillations bizarres. J'ai quitté l'écran des yeux. Bien m'en a pris.
Les chardonnerets étaient à l'œuvre. En bande dispersée, ils avaient entrepris de décortiquer les cosmos. Agrippés aux tiges frêles, ils faisaient ripaille des semences de l'année prochaine, prélevant leur part des anges sans vergogne. Cachés derrière leur cagoule rouge et noire, ces voleurs pensaient préserver leur incognito!
Sans beaucoup d'espoir, j'ai attrapé mon appareil photo et, à travers la vitre, j'ai numérisé les trapézistes colorés. Je vous livre leur photo, avant transmission aux services de police. Je vous présente donc Arsène Cosmos, en flagrant délit de pillage!
Cela ressemble à un montage mais n'en est pas un! C'est un pur hasard si l'oiseau se détache aussi bien sur le fond vert des cosmos.

Bon, si je laissais ce rideau ouvert, moi!


Pages suivantes

Pour continuer la lecture vers d'autres billets plus anciens, cliquez sur le lien ci-dessus, à droite.