C'est un immense chenil de la S.P.A. ( Société
Populaire des Andouilles) situé aux abords d'un collecteur de vase, non loin de
la déchetterie des ragots.
Une odeur d'excréments et de pisse vous
accueille. Elle s'incruste dans les fissures du béton, imprègne le bois des
niches fiscales. Elle poisse le brouillard.
Le bruit est infernal. Les chiens se déchaînent à
gueule déployée. A l'unisson, ils aboient furieusement, la bave aux babines.
Certains hurlent à la mort, la truffe levée vers les nuages bas.
En ce jour ordinaire, le visiteur est un ancien
ministre et la meute est particulièrement énervée. Hier elle s'est attaquée à un médecin urgentiste, une curée!
Tous les acteurs habituels sont là.
Il y a ceux qui aboient sans conviction, par
simple souci d'imitation, par principe. C'est la majorité.
Il y a ceux qui aboient joyeusement, ravis de
cette récréation.
Il y a les chargés de mission, représentants d'un
groupe, d'un parti. Ils donnent la tonalité et cherchent à couvrir les autres
voix. Ceux là hurlent à la mort.
Il y a les agitateurs qui veillent à ce que la
meute ne s'assoupisse pas, relancent le charivari au besoin.
Il y a ceux qui ont peur d'être assimilés à cet
humain qui passe, la tête basse, près de leur grillage. Ceux qu'on mènera
demain, au bout d'une ficelle, vers des endroits encore plus glauques, vers la
seringue du vétérinaire. Ils déchaineront les mêmes invectives canines.
Au loin, Zabulle, un chien libre, un
vagabond, fait un grand détour par le chemin des aubépines, avec Brassens.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire