mercredi 12 février 2014

Les soldats de Daumeray Morts pour la France

Quelques semaines m'ont été nécessaires pour élaborer une sorte d'opuscule de 36 pages sur la guerre 1914/1918.
J'ai pu replacer 42 des Morts pour la France de Daumeray dans le contexte de l'offensive, ou de la simple attaque au cours de laquelle ils rencontrèrent leur destin.
Dix-neuf d'entre eux moururent de maladie contractée en service, à Daumeray même, ou dans un hôpital de l'arrière. Il n'a pas été possible de les traiter comme leurs quarante-deux  camarades tués à l'ennemi.
Ils sont nommés en dernière page.

D'autres villages, dans le contexte de la commémoration du centenaire de la Grande Guerre, m'ont demandé de réaliser ce même "travail".

Le trame existe désormais et il me suffit de faire une recherche sur les noms inscrits sur les monuments aux morts de ces villages pour personnaliser l'opuscule.
Quand je dis: "il me suffit", il faut comprendre que je n'ai plus qu'à consulter les différents sites qui permettent de retrouver trace de ces soldats "Morts pour la France", puis de les enregistrer à la bonne page.
Disons qu'une heure par soldat est une bonne moyenne.

Sur l'opuscule de Daumeray figurent les noms suivants:
Parmi eux, des frères, des cousins, des camarades morts le même jour, dans le même régiment.
Le plus triste exemple est celui des frères Gentilhomme, nés à Etriché en 1891 et 1892.
L'ainé était caporal, le puiné sergent. 
Le 66° Régiment d'Infanterie perdit 1300 hommes le 8 septembre 1914, autour des marais de Saint-Gond. Joffre venait de lancer la célèbre bataille de la Marne. Pas de taxis parisiens dans le secteur confié au général Franchet d'Espéret mais des ennemis résolus à empêcher cette contre-offensive.
On imagine le désespoir de Charles Gentilhomme et Françoise Decorce quand les gendarmes frappèrent à la porte de leur ferme!



 
Plus tard, en Belgique,  Daumeray perdra onze de ses jeunes soldats. 
Vous trouverez, ci-contre, la manière dont leurs noms sont accolés à la première bataille d'Ypres.

C'est un exemple parmi d'autres.

Jusqu'à la dernière offensive générale du 10 octobre 1918, les noms s'égrènent au fil des combats. Le sapeur Henri Renou donna sa vie le 31 octobre 1918, onze jours avant l'armistice. Ce ne fut pas le dernier car la grippe espagnole sévissait, jusque dans les camps de prisonniers.

François Géhère ne revint pas au pays, mort de maladie le 7 octobre 1918, à Mannheim, dans un stalag.

Toutes les offensives et les contre-offensives de la Grande Guerre figurent sur l'opuscule depuis la désastreuse guerre des frontières  d'août 1914, jusqu'à la victoire, en passant par la course à la mer, la bataille de Verdun, le Chemin des Dames, l'Artois, la Somme...

J'avoue en avoir fait quelques cauchemars.

Cela m'a permis de mieux comprendre l'évolution de ce conflit. Il ne se résume pas à l'horreur des tranchées, stéréotype habituel. Chaque année fut, en quelque, sorte originale. En 1914, il s'en fallut de peu pour que le plan Schlieffen aboutisse à notre perte. En 1915, Joffre tenta, en vain,  de grignoter les terrains envahis par les Allemands. L'initiative changea de camp entre 1915 et 1916, année de Verdun et de la Somme. En 1917, ce fut l'horreur absolue du chemin des Dames. En 1918, nous faillîmes bien perdre pied confrontés à cinq offensives allemandes.

Le grand sillon, creusé à la fin de 1914, de la Suisse à la Mer du Nord, fut pratiquement "immobile" jusqu'en août 1918. On y pataugea dans la boue et le sang. On y fut mangé par les poux et les puces, seuls animaux bien nourris, si on excepte les rats. On y respira des gaz de chlore. On y attrapa la tuberculose puis la grippe espagnole.







Bref, il faut se confronter à toutes ces misères pour bien comprendre le sort peu enviable de nos grand-pères et de leur famille.
Je vous quitte pour m'attaquer à un autre village, si j'ose dire, mes cauchemars ne sont pas finis!


ABAFFOUR Louis Victor
ABRAHAM Eugène
ANDOUARD Louis Auguste
BATARD Henri
BEAUSSAIN Louis
BERTHE Victor
BODÈRE Louis
BRIAND Eugène Louis
CHEVÉ Auguste Eugène
CHEVÉ Henry François Charles
COLOMBEAU Eugène
CONSTANT Charles Joseph
CONSTANT Louis
COUSIN Henri Léon
DARAIZE Louis Jean
DOBERT Louis
DUBOIS Jean Baptiste
EON Louis Auguste Désiré
FOLNY Auguste François
GAUDIN Gustave
GAUTEUL Alexandre
GAUTEUL Auguste
GÉHÈRE François
GENTILHOMME Charles
GENTILHOMME Pierre
GILBERT Louis Emile
HOUDU Emile
JARRY Armand Henri
JARRY François
JOUIN Léopold Marie Vincent














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