dimanche 26 février 2012

Islande. On ne nous dit pas tout!

Je me demandais où aller me ressourcer après quelques évènements douloureux. L'année 2012 semblant devoir être mon Annus horribilis, bien que je ne sois pas la reine d'Angleterre, il va falloir que je trouve un lieu de chute alliant poésie, beauté, originalité, solitude choisie, proximité encore plus choisie! La Sibérie est difficile d'accès et Sylvain TESSON a déja écrit son livre. Je viens de le terminer.
Alors, je suis presque décidé à aller en Islande quelques semaines.
Avec le printemps qui arrive, cela doit être fabuleux de tremper sa carcasse dans les sources d'eau chaude, de regarder les magnifiques islandaises, de dormir dans des maisons en bois, de pécher dans des eaux limpides, d'avoir froid.
Et puis, dans ce pays, se met en place, actuellement, une vraie révolution!
Sans égorger personne, sans pendre ni eviscérer quiconque en braillant des imbécillités, sans mettre en place les barbus, sans bruit, les islandais ont viré leurs hommes politiques de droite comme de gauche et ont fait appel à des gens simples, comme vous et moi, pour redonner courage à leur pays, ruiné par les anciens dirigeants, par les banquiers, les boursicoteurs.
L'Islande est en train d'inventer une nouvelle démocratie.
Oh! Ne cherchez pas d'informations sur cette révolution incroyable dans les journaux français. C'est trop simple, trop beau, trop radical!
Les Pays Bas et le Royaume Uni, qui boursicotaient avec une banque islanadaise nommée ICESAVE, réclament maintenant près de 4 milliars d'Euros à ce pays! Les politiques ont dit "OK, on va s'arranger!"
"Cela ne fait que 100€ par mois, pendant huit ans, pour chaque islandais". Une paille!
 Les islandais ont dit "Non mais, ça va pas?". toute la différence est là!
Exit les banquiers, les boursiciteurs, les politiques!
Merveille de la désinformation. Un événement aussi considérable qu’une véritable révolution démocratique, telle qu’on n’en a jamais vue en Europe, peut se produire sans que la presse, ni google, ne permettent d’en savoir quoi que ce soit. C’est sûr qu’à l’heure de la consolidation anti-démocratique que vivent la plupart des pays européens, l’exemple islandais ne fait pas vraiment l’affaire de nos régimes policiers, qui montrent là encore leur aptitude à verrouiller rigoureusement la conscience collective.

Dixit: Passe Veille Info  (Cliquez pour en savoir plus.)
En attendant, régalez vous avec cette très belle vidéo.
Un grand merci à mes bigarreaux préférés!
Message codé!

jeudi 23 février 2012

Des idées d'économie pour nos ministres et députés. Qu'attendent-ils?

La mentalité de nos ministres est vraiment à cent lieues de celle des ministres norvégiens. Le jour où ils agiront comme ceux qui sont présentés sur cette vidéo, je serai réconcilié avec la classe politique française. C'est valable pour nos fonctionnaires.
Il faut reconnaitre que nos esprits sont déformés par des années de mauvaises pratiques.
A l'occasion de l'énorme crise qui nous attend, c'est le moment d'une vraie révolution des mentalités!

jeudi 16 février 2012

Le sarcophage mérovingien. Nouvelle.

Arthur et Adam sont, dans ce village des bords de Mayenne, deux garnements redoutables dont les espiègleries, doux euphémisme, font rarement l'unanimité, sinon contre eux. Alliant un manque total de sens moral à une incroyable cruauté, ils traquent leurs victimes au sein des  plus démunis ou s'attaquent aux chats et aux chiens qui ont le malheur de croiser leur route. 
Sans qu'on puisse leur imputer ce méfait de manière formelle, la vieille Honorine a ainsi retrouvé son chat soigneusement tondu, de la queue aux moustaches. Si on devait accorder un triple A aux deux lascars, ce serait un triple bonnet d'âne.
L'école a reçu plusieurs fois leur visite et ses murs en portent encore la trace. Car, s'ils y entrent parfois, c'est rarement aux heures des cours, systématiquement séchés.
Les familles d'Arthur et Adam sont voisines. Aux franges du bourg, elles ont investi deux masures sordides, encombré les abords de ferrailles et d'ustensiles divers, aussi inutiles que laids. Les villageois évitent cet endroit et leurs locataires mal embouchés. C'est un univers propice à l'éclosion de sauvageons du genre des deux acolytes.
Le maire n'ose plus aller se plaindre auprès des responsables de ces gosses. Responsable est d'ailleurs un mot à bannir du vocabulaire de ces familles. Un haussement d'épaule est la réponse habituelle quand ce n'est pas une bordée d'injures.
Bref, libres de toute contrainte, Arthur et Adam errent dans les bois, les chemins et les rues, à l'affut des mauvais coups possibles et des objets à voler. L'occasion faisant le larron, les habitants évitent de leur donner l'opportunité de nuire. Les voitures sont fermées, les portes closes, les vélos cadenassés. 
Pour visiter l'église, il faut en demander la clé au restaurant de la place. Depuis, les bougies ne disparaissent plus, le bénitier n'est plus envahi par des grenouilles, les cloches ne se mettent plus à sonner à des heures indues.
En ce lundi du mois de mai, les faux jumeaux rodent autour de la vieille église. C'est l'heure où les gens ordinaires sont dans leurs draps, même si la douceur du temps les a incités à veiller. Il y a une limite à tout, une heure pour les hiboux, une heure pour les hommes. Ces deux là, comme les  nocturnes rapaces, dorment le jour et volent la nuit. Au devant de l'édifice millénaire, des barrières et des panneaux indiquent qu'une profonde excavation a été creusée, destinée à recevoir les canalisations du tout-à-l'égoût. Il doit bien y avoir quelques outils abandonnés, offerts à la convoitise des enfants.
Mais, les ouvriers n'ont pas été négligents.
Au fond de la tranchée, on aperçoit une dalle en pierre. Dans ce village, il suffit de creuser un trou pour tomber sur un des nombreux sarcophages qui peuplent un ancien cimetière mérovingien. A chaque fois, on ouvre le tombeau de pierre, on espère y trouver un trésor ou des restes d'intérêt historique. Pour celui là, on a remis au lendemain cette recherche traditionnelle. La nouvelle en a circulé. Elle est venue aux oreilles des garnements.
Pourquoi attendre? Brisée en trois morceaux par la pelleteuse, la dalle n'est pas assez lourde pour résister à leurs efforts conjugués. Un des fragments glisse sur le côté. Malheureusement, le faisceau de leur lampe de poche ne rencontre que du vide. Ce n'est pas aujourd'hui que ces pilleurs de tombe d'occasion feront fortune.
L'horloge du clocher égrène six coups. Déjà! Il va falloir rentrer.
C'est alors qu'une idée saugrenue germe dans l'esprit d'Arthur. Le maire et ses adjoints ont annoncé que la tombe serait ouverte à sept heures, en public. Quelle belle occasion de faire une de ces farces dont ils ont le secret. Elle ne sera pas plus goûtée que les autres mais ce n'est pas le genre de réflexion qui les arrête.
L'inventeur de la blague demande à Adam de se glisser dans le sarcophage. Pas trop rassuré, l'enfant se glisse par l'ouverture qu'ils ont pratiquée et Arthur, tant bien que mal, réussit à remettre en place le bout de couvercle dérangé. Il a expliqué à Adam que, tout-à-l'heure, lorsque les édiles soulèveront le couvercle de granit, ils trouveront, en guise de trésor, un petit diable. La presse sera présente et leur notoriété franchira les limites du bourg.
Puis, Arthur s'éloigne en sifflotant.
Quelques minutes plus tard, en tentant de récupérer sa casquette tombée dans la Mayenne il glisse et se noie. Il ne savait pas plus nager que lire.
Ce matin là, le maire fait savoir au chef de chantier que la cérémonie matinale est annulée. sans rien dire à quiconque il a jeté un œil dans le sarcophage, la veille, et compris que le jeu n'en valait pas la chandelle.
A sept heures, la pelleteuse pose un énorme tuyau de fonte dans la tranchée et la comble de gravats.
Les jours suivants trois ou quatre personnes assistent à l'enterrement d'Arthur.
Les jours suivants on se met à la recherche d'Adam.
Aujourd'hui, on le cherche encore!

Copyright. Tous droits de reproduction réservés.


mercredi 15 février 2012

La vengeance de l'arbre. Nouvelle.


Joseph pose la main sur le tronc rugueux du peuplier et, levant les yeux vers sa cime, évalue sa hauteur. L'arbre culmine à une vingtaine de mètres comme la plupart de ceux qu'il a abattus ces jours ci. Méthodiquement, il a couché les futs de bois blanc en travers de la plantation, les a débités, transportés, fendus et alignés en rangées impeccables. Il s'attarde parfois au long des stères de bois, satisfait de son travail puis repart vers la peupleraie. Ce travail est sa drogue, son plaisir, un jeu de démolition puis de reconstruction. Il est le maître d'œuvre de ce passage de la verticalité à l'horizontalité pour des dizaines de ces arbres. Les jours de grand vent, les futures victimes de sa tronçonneuse semblent s'ébrouer, se concerter, s'agiter en leur fuite immobile. Les pieds dans la glaise, ils se penchent vers ce nain dont la machine mord dans leur tendre aubier, puis fait voler les copeaux. Une première entaille en V désigne le côté vers lequel ils doivent tomber. Puis Joseph tourne autour du tronc et entaille l'autre côté jusqu'à ce que, dans un sinistre craquement, le peuplier s'effondre vers le sol, écrasant quelques jeunes frènes au passage.
La coupe est bien avancée. Chaque jour, la clairière ainsi creusée étend sa surface vers la rivière toute proche. Le pré retrouve peu à peu son alopécie primitive. On pourra, de la route qui jouxte le terrain, apercevoir les rives de la Sarthe, plantées d'aulnes et de frènes.
Joseph pense sans plaisir à la fin de son chantier. Il a rarement l'occasion de s'attaquer ainsi à une plantation entière. Il devra ranger sa tronçonneuse quelque temps, pour longtemps peut-être. Qui sait?
Pour l'heure, il cherche de quel côté penche l'arbre qu'il va sacrifier. Celui là semble trop penché vers l'intérieur du bois pour espérer le faire tomber dans la clairière. Il va falloir accepter son choix de végétal tétu.
Qu'à cela ne tienne, cela va compliquer le débitage du fut mais tant pis. A la guerre comme à la guerre.
Joseph fait sa première entaille à un mêtre de hauteur puis attaque l'autre côté. Bientôt la colonne de bois vacille puis tombe lourdement et vient s'encastrer entre les arbres saufs.
Pris dans ces tenailles de bois, le peuplier a maintenant une drole de position. Il est encore attaché au niveau de l'entaille et, horizontal mais, à un mètre de hauteur, il est coincé dans la peupleraie.
Joseph jure entre ses dents. Ce n'est pas une situation idéale. Il va falloir jouer serré.
D'abord libérer l'arbre de cette lanière d'écorce qui le retient à son moignon, puis le débiter.
Mais, sans le savoir, l'homme a mis en place un piège. En se coinçant entre ses frères de race, le peuplier s'est mis en tension. C'est un ressort mortel, simplement retenu par cette lanière d'écorce que Joseph s'apprête à couper. C'est une énorme tapette prête à fonctionner dont Joseph serait la souris.
L'homme approche la chaine de sa tronçonneuse. A-t'il conscience de son erreur lorsque l'arbre le cueille au niveau du bassin, l'emporte sur deux mètres et s'abat sur lui dans un bruit sourd? Lui seul pourrait le dire si la vie ne s'était pas retirée de lui comme le ferait la pâte d'un tube de dentifrice.
La nouvelle, dans un bruissement de branches, court de peuplier en peuplier.
On l'a eu!

Copyright. Tous droits de reproduction réservés.


lundi 13 février 2012

Les veaux de la boule de fort. Nouvelle

Le village dort. Pierre longe la rivière, noire sous l’absence de lune, gonflée par la fonte des neiges. Il tourne au coin du jardin de curé qui borde le presbytère et, attentif au silence des murs, rase l’église épaisse, avec son clocher en forme de casque de prussien, ses contreforts massifs.
On raconte qu’en cet endroit, les bretons et les normands, au retour d’un pillage de la bonne ville du Mans, rencontrèrent Robert le Fort, bien décidé à les étriper. C’était au Moyen Age et, Robert mourut ce jour là, vaincu. La muraille est froide.
Pierre s’écarte du sombre édifice et remonte une étroite ruelle. Un chat gris se rencogne au fond d’un porche étroit, observe le passant avec une inquiétude de demi sauvage. Le porche dépassé, la bête furtive se coule au long du caniveau et disparaît dans le noir.
L’homme épie les silences et poursuit son chemin. Sa cible est au coin de la rue, une bâtisse toute en longueur. Plus proche du hangar que d’une maison, elle abrite le jeu de boule de fort du hameau. Dans la région, chaque village possède ce type de bâtiment. Les sociétaires s’y rencontrent dans la journée, autour de la piste de jeu, au comptoir ou les cartes à la main. C’est un lieu ouvert, peu surveillé, chacun glisse le montant de ses consommations dans une fente de la caisse après s’être servi dans le frigo. Longtemps, cette pratique fut sans risques, basée sur l’honnêteté des gens du cru. Certes, quand l’alcool montait à la tête d’un ou deux consommateurs, ils oubliaient parfois de payer, mais cela n’allait pas loin.
Aujourd’hui, les mentalités ont changé. Les petits malfrats du coin pillent parfois la cave du lieu, forcent la caisse et repartent les poches pleines, en se moquant de la stupidité de ceux qui ont encore confiance en la nature humaine. Les menus larcins s’opèrent en plein jour, en l’absence de joueurs. La nuit, on casse plus avant les caisses et portes. La dernière fois, un petit coffre fort a été emporté, avec les quelques euros qu’il contenait. Si on a le temps, on saccage un peu, histoire de bien montrer le mépris dans lequel on tient les paysans du coin. Des veaux ! Des veaux qui, têtus, remettent tout en ordre le lendemain et réapprovisionnent les réserves.
Pierre est un solitaire, il n’est pas partageux. Ses maigres butins, il les garde pour lui, évitant de s’acoquiner avec les voyous du cru, des rebus de la société, des braillards mal embouchés qui tiennent mal l’alcool et se battent entre eux à la moindre vexation. Lui, quand il boit, c’est au sein de son taudis, avec méthode. Ce n’est pas lui qu’on verrait s’affaler dans un caniveau, il ferme sa porte, enlève ses vêtements, se glisse au lit et avale assez de rasades de vin ou d’alcools forts pour sombrer dans un sommeil bienheureux. Une bassine à portée de main, il parcourt alors les méandres de son coma éthylique, au milieu des serpents et des araignées qui surgissent des plinthes vermoulues. Au matin, il nettoie les traces de ses combats et part à la recherche des ressources nécessaires à la beuverie suivante.
L’horloge de l’église égrène deux coups. L’heure des effraies et des fantômes. L’homme s’ébroue, hisse sa carcasse au sommet d’un mur séparant la ruelle d’un potager, saute dans une rangée de poireaux rescapés de l’hiver. Les cliquetis de sa musette ont à peine troublé les lieux. Il l’ajuste sur son dos et s’approche des fenêtres arrière du jeu de boule. Même un improbable passant ne pourrait plus l’apercevoir.
Sans faire dans la dentelle, Pierre casse une vitre et, passant le bras par l’ouverture pratiquée, fait jouer l’espagnolette. Trente secondes plus tard il est dans les lieux.
C’est une grande salle, décorée de fresques naïves qui représentent la bataille du comte. Le jeu de boule, 20 mètres sur 7 mètres, en occupe tout l’espace, ne laissant, tout autour, qu’un cheminement assez large pour le passage d’un homme, avec une rambarde en acier et en bois. La piste forme une sorte de gouttière, comme un fond de cale de bateau. Pierre n’a jamais lancé, sur ce sol en balatum luisant, les boules en cormier, cerclées de fer, que les joueurs utilisent depuis le XVII siècle. Très peu pour lui ! De l’énergie gaspillée !
Il en fait le tour, passant près des panneaux d’affichage des scores, près de Fanny, dont les joueurs embrassent le derrière, à l’occasion. Il atteint la porte donnant sur le bar, ouverte sur des tables en formica et un vieux comptoir de bois. L’air est glacé. Il doit s’éclairer avec une allumette pour guider ses pas. Cet endroit peut être joyeux lorsqu’il est occupé par les joueurs de cartes et les consommateurs. Il est lugubre à cet instant, triste comme une école en période de vacances.
Un frisson lui parcourt l’échine. Triste métier, quand même! Jadis, quand il lui restait un peu de conscience, il aurait aimé être gendarme. Il est voleur! Plus Ribouldingue qu’Arsène Lupin! Fâché avec les études, fâché avec le travail, fâché avec la société, fâché avec les femmes, fâché avec lui-même!
Bah! Si les autres sont assez couillons pour lui offrir de quoi manger et boire, il n’est pas si mal loti, après tout. Pour commencer et se donner du cœur au ventre, il fait le tour du comptoir, déniche une fillette d’Anjou rouge, un tirebouchon, un verre. On a beau être de basse extraction, on aime boire dans un verre ! Le vin, bien que trop froid, lui brule la gorge et l’estomac mais lui apporte les satisfactions qu’un ivrogne en attend. La fillette essorée, il se sent mieux, comme ragaillardi. Il en entame une deuxième mais ne la finit pas, fidèle à ses principes. Se saouler, oui, mais à huis clos ! Il en emportera une dizaine, tout-à-l’heure, dans sa musette.
Pour l’heure, il lui faut trouver de l’argent.
Le tiroir du comptoir ne résiste que faiblement à son pied de biche. Il s’ouvre avec un craquement et montre un ventre vide de toute pièce. Les permanents finiront par gâcher le métier s’ils vident la caisse tous les jours ! C’est nouveau ça!
Pierre est désappointé ! La dernière fois, il y avait même quelques billets. Quelle mesquinerie! Ce monde est pourri! Il va lui falloir se contenter de quelques bouteilles.
A moins qu’un nouveau petit coffre ait été installé dans la cave, au même endroit que le précédent, aussi facile à desceller et à emmener. Il lui faut vérifier cette hypothèse. Des veaux restent des veaux!
Cependant, ce travail supplémentaire mérite un supplément de vin et il finit la deuxième fillette, en entame une troisième. L’entrée de la cave est à droite du comptoir, une porte de bois blanc, ordinaire comme sa serrure, facile à forcer. Une formalité!
Pierre reprend son pied de biche. Un peu alcoolisé, mais sans plus, il se campe devant l’obstacle, introduit l’outil entre le chambranle et la porte. Un coup sec. L’affaire est faite.
L’homme appuie le bout de sa chaussure sur le panneau du bas et pousse. Avec un léger grincement, le battant s’ouvre largement. Puis silence. Un trou noir, un courant d’air glacé.
Pierre craque une allumette, ne serait-ce que pour voir les trois marches qui mènent à la cave en terre battue.
Il entrevoit ces marches puis, deux pas en arrière, deux godillots, un pantalon de velours, une veste de chasse, des yeux rieurs au dessus de deux petits ronds noirs.
Les chevrotines lui arrachent le sommet du crane.
  
Il meurt, le ventre plein de vin d’Anjou!
Des veaux, rien que des veaux, vous dis-je!

Copyright. Tous droits de reproduction réservés.

D'autres nouvelles de Zabulle:

vendredi 10 février 2012

L'enfer ce n'est pas les autres

Voilà comment je vois l'enfer:

Une grande plaque blanche, de dimensions incommensurables, ressemblant à du formica.
Au centre, une table, une chaise, un lit, une chiotte, une chasse d'eau, une douche, un lavabo sans miroir, une serviette, du savon, une brosse à dents, du dentifrice, un coupe-ongles, un peigne, un rasoir, du savon à barbe, un blaireau, une assiette, un verre, une fourchette, une cuiller, un couteau.
Rien d'autre, absolument rien d'autre. Une température de 22° constante. Pas de pluie.
Pas d'arbre, pas de colline, pas d'horizon, pas d'herbe, du blanc. Pas de ciel, pas d'étoiles, pas de lune, pas de montre.
Aucune possibilité de quitter cet endroit.
Avec un timing régulier, l'assiette se remplit automatiquement de nourriture, le verre se remplit d'eau., les deux à volonté. La vaisselle se lave toute seule.
A un moment une lumière s'allume, à un autre moment elle s'éteint et c'est le noir complet. L'espace entre deux "matins" semble correspondre à 24H. Pas d'ombre. Vous êtes dans la lumière ou dans le noir.
Rien d'autre que vous, la surface blanche, la table, la chaise.et le lit. Pas de télévision, pas de radio, pas de livre, pas de journaux, rien! Pas d'ordinateur.
Pas de maladie, pas de douleur.Pas de fatigue. Pas de sommeil. Dans le noir, vous pensez.
Pas de vêtements. Vous êtes nu.
Quand vous tentez de vous éloigner de cet endroit, il vous suit, sans bruit.
Si vous ne vous alimentez pas, cela n'a aucun effet sur vous, vous n'avez ni faim, ni soif.
Pas de mort.
Vous êtes éternel.
Pas d'avenir, pas de passé, pas d'espoir.
Pas de rêves.

Et le paradis me direz-vous! C'est la même chose, mais avec des anges qui vous cassent les pieds en entonnant des chants grégoriens toute la journée!

mercredi 8 février 2012

Nabucco

Pourquoi se priver de l'excellence?  De temps en temps, je profite des bontés de Youtube pour vous offrir l'occasion de vous décrasser les oreilles si, par inadvertance, vous avez écouté du rap ou du slam. Aujourd'hui, c'est aussi grâce à mon amie France C. que vous pourrez écouter Nabucco.

Va, pensée, sur tes ailes dorées ; Va, pose-toi sur les pentes, sur les collines, Où embaument, tièdes et tendres, Les douces brises du sol natal ! Salue les rives du Jourdain, Les tours abattues de Sion ... Oh ma patrie si belle et perdue ! Ô souvenir si cher et fatal ! Harpe d'or des prophètes fatidiques, Pourquoi, muette, pends-tu au saule ?


Rallume les souvenirs dans le cœur, Parle-nous du temps passé ! O semblable au destin de Solime Tire le son d'une cruelle lamentation O que le Seigneur t'inspire une harmonie Qui nous donne le courage de supporter nos souffrances !

lundi 6 février 2012

Vive le polythéisme

Je suis athée, dieu merci, et j'adhère à l'idée que les religions sont le pire avatar que l'homme ait jamais subi. Mais, s'il fallait choisir entre la peste et le choléra, dans mon esprit, entre le monothéisme et le polythéisme, je choisirais le second.
Soyez patients, j'explique:
Les chrétiens, et d'autres religions, voient dieu sous une forme humaine, d'une part, masculine, d'autre part. Doté d'une grande barbe blanche, il se penche vers la terre, assis sur un trône de nuages, sans risquer de se casser la figure puisqu'il est dieu. Passons!
Les religions païennes ont cela de pratique qu'elles permettent une sorte de parité entre mâles et femelles dans leur panthéon et ça, ça me plait bien. Si vous y ajoutez quelques zébus, serpents et autres ibis cela me plait encore plus car, après tout, un singe ne pourrait-il pas être aussi un dieu?
Nous vivons dans un siècle où on peut écrire ce type de billet sans être mené, illico, au bûcher, et j'en profite pour vous présenter quelques unes de ces déesses:

Aphrodite, déesse de la germination, de l'amour, des plaisirs et de la beauté. C'est celle que je préfère!
Ce qui est bien pratique c'est que si vous la rencontrez dans la rue, vous pourrez l'appeler Vénus, Turan, Inanna (d'où l'expression belle nana), Ishtar, Astarté, Athtart ou Shaushka, sans qu'elle se départisse de son sourire.

Hathor est moins sympathique puisque, dans la mythologie égyptienne, c'est elle qui châtie les humains. Et, elle n'a p'Hathor!
Notez bien que je connais quelques invertis notoires qui se prêteraient  avec délectation à une séance de fessée avec cette déesse!
 





Hécate, déesse de la lune, fait partie d'une trilogie grecque au sein de laquelle j'aurais pu choisir Artémis ou Séléné mais elle a un côté sombre qui me plait bien. elle est fille d'Astéria, la nuit étoilée, et mère de Scylla. Elle ne doit pas être laide puisqu'elle a péché avec Apollon!

Freyja, autre déesse de l'amour et de la fertilité fait partie du paganisme germanique. Son char était tiré par des chats! C'est chouette non? Rien que pour ça, elle me plait bien aussi Freyja. De nos jours c'est une marque de lingerie féminine. Normal!

Et pour finir, au hasard, kali, protectrice des femmes battues, un beau métier. 

Je ne vous citerai pas toutes celles qui pourtant mériteraient de figurer ici, j'en ai compté une trentaine, amusez vous à les rechercher sur le WEB. 
Ce petit texte pourrait vous permettre de faire la balance entre les choses de la religion et, si vous n'y parvenez pas, faites appel à Maât, déesse égyptienne de la justice.


dimanche 5 février 2012

Le ballet annuel des mésanges, pinsons et verdiers.

C'est le moment, ou jamais, de nourrir les oiseaux de nos campagnes, éternels SDF qui en ces temps de neige ne mangeront que ce que vous voudrez bien leur donner. En échange, ils vous offriront leur ballet froufroutant. J'en ai compté vingt, tout-à-l'heure, faisant la queue autour de la mangeoire et me suis demandé si je n'allais pas mettre en place un distributeur de tickets, comme à la sécu.
Les pinsons du nord sont des malappris. Ils s'installent et s'agrippent, chassent les mésanges et les verdiers. Les rouges-gorges restent au sol et attendent les graines que les maladroits font chuter. Les merles sont plus loin, sous l'autre mangeoire et courent dans la neige. Les gros becs ne sont pas encore venus, je les attends. Parfois un chardonneret fait une courte visite. Plus rarement encore, viennent se coller à la vitre des mésanges à longue queue ou des mésanges nonnettes.

samedi 4 février 2012

Hypatie vs Cyrille d'Alexandrie. Agora.

Dors, ô blanche victime, en notre âme profonde,
Dans ton linceul de vierge et ceinte de lotos ;
Dors ! l'impure laideur est la reine du monde,
Et nous avons perdu le chemin de Paros.

Les Dieux sont en poussière et la terre est muette :
Rien ne parlera plus dans ton ciel déserté.
Dors ! mais, vivante en lui, chante au cœur du poète
L'hymne mélodieux de la sainte Beauté !

Elle seule survit, immuable, éternelle.
La mort peut disperser les univers tremblants,
Mais la Beauté flamboie, et tout renaît en elle,
Et les mondes encor roulent sous ses pieds blancs !

                                  Leconte de Lisle

Toutes les révolutions actuelles, qu'elles soient tunisienne, libyenne, égyptienne, syrienne et j'en passe, n'auront de signification que lorsque les femmes obtiendront enfin leur liberté. Il va sans dire que tout ce sans versé pour, finalement, jeter les populations concernées dans les bras des salafistes et autres frères musulmans n'a abouti qu'à une régression.
Combien de temps faudra-t'il maintenant pour que le nord de l'Afrique sorte de ce piège? Sans doute encore plus de temps que pour chasser les dictateurs qui y régnaient.
Ne croyez pas que je jette la pierre à une seule religion. Tous les monothéismes ont relégué les femmes au rang de sous produits de l'homme.  Objet de désir mais impure, les femmes sont juste bonnes à engendrer les rejetons de leurs mâles. Et, si elles relèvent la tête, on la leur coupe.
Dans les pays occidentaux, c'est parce que le christianisme, sous toutes ses formes, est en perte de vitesse, que la femme a pu s'émanciper, réclamer l'égalité avec les hommes, les supplanter en certains cas.
Dès son avènement; le christianisme fut une affaire d'hommes, les apôtres et les prêtres en sont la preuve flagrante. Et on ne compte plus les victimes expiatoires de cette misogynie. Les chrétiens gardèrent de leur origine primaire le goût de la lapidation puis adoptèrent le bucher, plus pratique. Pour une Jeanne d'Arc, canonisée par la suite, combien de sorcières torturés puis brulées vives?
J'en viens à Hypatie dont le plus grand péché fut d'être une intellectuelle avant la lettre. Née vers 370, elle est  philosophe et mathématicienne, des qualités impardonnables aux yeux de l'évêque d'Alexandrie, Cyrille.
Docteur de l'église, salué encore récemment par un certain Benoit XVI, Cyrille est jaloux de la popularité d'Hypatie. Il suscite contre elle la haine d'une sorte de secte, les paraballanis, chrétiens fanatiques, intolérants, bras armés de l'évêque qui s'en sert pour ses basses œuvres.
Ils s'emparent de la philosophe, la trainent dans la propre église de Cyrille et la lapident. C'est ce qu'on appelle en termes chrétiens, l'amour du prochain.
Bref, nul ne sait si l'évêque lançait lui même des pierres sur l'infortunée mais il y a fort à parier qu'il se délecta de ce massacre.
Et bien, que croyez-vous qu'il arriva? Cyrille fut reconnu saint par la papauté, docteur de l'église en 1882 et, le 3 octobre 2007, Benoit XVI lui rendit hommage pour sa contribution au culte marial.
Je vous laisse réfléchir!
Personnellement, la seule icône qui pourrait avoir droit de séjour en mon bureau est celle d'Hypatie!

Pages suivantes

Pour continuer la lecture vers d'autres billets plus anciens, cliquez sur le lien ci-dessus, à droite.