samedi 1 janvier 2011

Chronique de la misanthropie ordinaire. Au restau Théâtre Angers

Marre! J'en ai marre d'être le pigeon de la fête foraine, la cible déplumée du tireur lucide qui acharne ses projectiles sur mes maigres ressources de rond bourgeois! Marre de la médiocrité ambiante! Marre d'être un con!
J'ai sacrifié quelques heures et quelques sous, hier soir, c'est à dire l'année dernière, pour mêler mes os à ceux du vulgum pecus local, celui des fêtes et des bulles, des vociférations et de la danse du ventre.
J'ai ôté ma broigne de vieil ours campagnard, changé de chaussettes et rogné mes ongles, pour participer au trépas de l'an fini. Mal m'en a pris!
Il existe, en nos profondes préfectures, des endroits pour indulgents gogos où, non content de vous prendre votre argent, on sollicite en plus votre satisfecit! "Tous va bien, madame, monsieur?". La question revenait, en lancinant leitmotiv, pendant que du bout de la fourchette, nous remuions, circonspects, des sauces improbables nappant des viandes cernées d'insipides légumes.
"Pour 100 balles t'as plus rien" clamait une ancienne antienne. Pour 100 euros c'est tout pareil! Dans ce restaurant angevin, la nappe ne recouvrait même pas le formica marron des tables et les biscuits apéritifs, de base, avertissaient le convive: "ça va être ta fête!". Le cocktail de bienvenue, facturé 6,50€ pièce, quarante balles quoi, agressait le litchi de fond de verre avant de se retourner contre votre palais.
Ce fut long. Très long. Cinq gamins occupaient les cinquante convives. On parle parfois d'intermittents du spectacle mais, en l'occurrence, c'est le spectacle qui fut intermittent. Je dois être mauvais public car, reconnaissons le, au moins une personne riait à gorge déployée. Moi, j'avais beau déployer une extrême bonne volonté, je fus navré dès le début par l'indigence des sketches! J'étais comme un extra terrestre débarqué au milieu d'un banquet d'anciens combattants. Jamais, je ne pus oublier cette montre qui, à mon poignet, avançait ses aiguilles vers l'année suivante.
De 22H30 à minuit, les acteurs disparurent, nous laissant en tête à tête avec une farandole de desserts fraichement décongelés de chez Picard. Le mousseux réchauffait pénardement ses bulles, dans le seau en plastique made in china, et mon coccyx douloureux errait aux quatre coins du maigre coussin sensé l'isoler de la chaise.
A minuit, les effusions d'usage furent à la hauteur de la déconvenue ambiante. Les condoléances de sortie de crématorium sont parfois plus gaies. Bref, il était question de retour au bercail quand, la tenancière du lieu annonça avec plaisir que le spectacle continuait! Je tentai une sortie furtive par la caisse mais elle était fermée. Le coccyx regagna son instrument de tourment jusqu'à 2H00 du matin.
En faisant mon chèque de 338,50€ (Non! Je ne vous ferai pas grâce des détails!), j'affirmai lâchement que cette soirée avait été merveilleuse. J'essayais, sans doute encore, de m'en persuader moi même!
Marre! Marre d'être le dindon de la farce, la farce du dindon!
Marre d'être aussi con!

Je publie, ci-dessous, la réponse que fit la direction du Restau-Théâtre à cette même critique, publiée par mes soins sur Trip Advisor. (Cliquer pour voir!) Ils sont pas contents les bougres mais, comme disait le gars Figaro: "Sans liberté de blâmer, il n'est pas d'éloge flatteuse!". Je leur conseille plutôt de tenir compte de ce coup de semonce pour, oubliant leur tiroir caisse, penser un peu plus aux clients!

Réponse de la direction
(Représentant de la direction)
10 janv. 2011
Réponse à Narcisse,
Cher Monsieur B......,
La bonne séance octroie le droit à chacun la solution de plusieurs réponses. Dans ce cas j'en vois trois.
La première, répondre directement sur le fond, mais, il n'y en a pas.
La deuxième, sur la forme. Aucun intérêt, si ce n'est la farce.
La troisième, faire preuve d'intelligence et choisir l'ignorance et c'est ce choix là que nous faisons.
Ne soyons pas plus bête et ne nous ridiculisons pas plus avant.
Vous êtes libre de vos choix, nous également et nous aurons le plaisir (*) à ne plus vous recevoir.
Courtoisement vôtre.


(*) Plaisir partagé en ce qui me concerne...!

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