lundi 10 mars 2008

lendemains tristes

Une amie m'a fait parvenir ce poème de Christophe Plantin
Christophe Plantin était un imprimeur flamand d'origine française. Il est né à Saint Averin en Touraine. Il fut nommé en 1571 architypographedu roi Philippe II. Il édita de nombreux ouvrages célèbres.


Avoir une maison commode, propre et belle,
Un jardin tapissé d'espaliers odorants
Des fruits, d'excellent vin, peu de train, peu d'enfants,
Posséder seul, sans bruit une femme fidèle.
N'avoir dettes, amour, ni procès, ni querelles,
Ni de partage à faire avecque ses parents
Se contenter de peu, n'espérer rien des grands,
Régler tous ses desseins sur un juste modèle.
Vivre avec franchise et sans ambition,
S'adonner sans scrupule à la dévotion,
Dompter ses passions, les rendre obéissantes.
Conserver l'esprit libre,et le jugement fort,
Dire son chapelet en cultivant ses entes,
C'est attendre chez soi bien doucement la mort.


Mon précédent billet lui dicta cet envoi.
Il lui fut inspiré par mes ciels en émoi.
Relisons le ensemble et rayons quelques traits
de l'esprit de Plantin car je suis, en effet,
au regret de vous dire que, parmi ces vers,
certains sont admirables et d'autres m'exaspèrent
Ceux qui me côtoient savent que dévotion
rime, pour moi, avec aliénation (A-LI-E-NA-TI-ON)
et que le chapelet, que j'ai au bout des doigts,
sert surtout à compter les méfaits de la foi,
les buchers, les tortures, les autodafés,
commis par les tenants des trois livres sacrés.
Quant à mes passions, j'aimerais qu'elles durent
et agitent mon corps jusqu'à ma sépulture.
Enfin, quant à la mort, je voudrais la surprendre,
au creux de son sommeil, quand las de me méprendre,
je choisirai moi même, le jour et la seconde,
où ce sera mon tour de quitter ce bas monde.

Merci A.G. de m'avoir envoyé un poème qui inspira l'un de ces billets dont je deviens avare. Il tombait à pic, au lendemain d'élections au cours desquelles j'ai pu mesurer le fossé qui existe entre ceux qui donnent et ceux qui reçoivent. Ma vanité fut de cotoyer longtemps ce fossé sans l'apercevoir, je suis tombé dedans hier, et suis encore tout crotté de la lie qu'il contenait.
Vous êtes un beau ciel d'automne, clair et rose !
Mais la tristesse en moi monte comme la mer,
Et laisse, en refluant sur ma lèvre morose
Le souvenir cuisant de son limon amer.
Baudelaire

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