jeudi 3 avril 2014

Feuilleton: Le 135ème Régiment d'Infanterie dans la guerre 1914-1918. En route pour la Belgique



Déplacement vers la Belgique


19 au 23 août 1914
Nancy, Sedan, Bièvre

Peu conscients des évènements qui se déroulent en Alsace et en Lorraine depuis une douzaine de jours, nos angevins, vendéens et bretons, quittent les  cantonnements du Grand Couronné à partir du 19 août. Ils gagnent la gare de Nancy, bataillon par bataillon.
Ils ne savent pas que le général PAU ayant repris Mulhouse le 7 août a déclaré bien imprudemment : « Enfants d’Alsace, après 44 années d’une douloureuse attente, des soldats français foulent à nouveau le sol de votre noble pays ». Cette délivrance, fêtée dans toute la presse française n’était que provisoire. La peau de l’ours n’était pas encore à vendre. Le 9 août la ville est retombée dans les mains de l’ennemi et justement, pendant que les soldats du 135ème R.I. marchent vers Nancy, leurs homologues de l’armée d’Alsace sont en train de la reconquérir. Ils y réussiront mais pour la perdre de nouveau et ce, pour les quatre années à venir.
Depuis le 4 août, les Allemands progressent vers l’ouest de la Belgique. Ils ont pris Liège le 13 août.
Le 8 août, trois divisions françaises ont du se replier sur la Lesse, dans les Ardennes belges puis repasser la Meuse.
Les Allemands, en ce 19 août sont aux abords de Bruxelles où ils entreront demain.
La guerre des frontières, prévue par le plan XVII de l’Etat-major français, a débuté le 15 août. Nos troupes se sont laissé berner par une progression trop facile entre Metz et Sarrebourg. C’est une sorte de piège dont elles tentent maintenant de se dégager. Les généraux Dubail et Foch vont bientôt devoir battre en retraite et ce, jusqu’aux collines du Grand Couronné dont nous venons de partir.
De son côté, notre brave Régiment d’Infanterie arrive à Sedan en trois échelons, le 20 août. Le 3ème bataillon débarque du train de Nancy à 4H00 du matin, et va cantonner à Saint-Menges, le 2ème bataillon à 6H00, il catonne à Fleigneux,  le 1er bataillon à 13H00, il rejoint aussi Saint-Menges.
De gauche à droite, la 17ème Division d’Infanterie, la 18ème Division d’Infanterie et le 11ème Corps d’Armée sont désormais tournés vers le nord-est, sur un front de 20 km.
Partie intégrante de la IVème armée du général De Langle ils vont entrer en Belgique conformément aux ordres reçus, à l’est des Ardennes. La Vème armée du général Lanzerac est à l’ouest de ces mêmes Ardennes. Les Anglais sont affectés à la région de Mons.
Disons le tout de suite, que ce soit en Belgique, en Alsace ou en Lorraine, cette offensive va se solder par une véritable déroute des forces alliées, une retraite meurtrière !
Jean-Baptiste, François et Pierre sont, quant à eux, heureux d’avoir laissé les pelles et pioches à d’autres fantassins pour, enfin, participer à une action strictement militaire. Ils vont enfin donner une leçon méritée à ces orgueilleux Allemands, les renvoyer chez eux puis retourner en Anjou.
Le 21 août, à 6H00, ils entrent en Belgique, accueillis par des manifestations de joie. Le colonel s’installe à Chairière avec le 1er bataillon. Le 2ème bataillon est à Vresse, le 3ème à Six-Planes. Ils garnissent en outre quelques avant-postes autour de Monceau et Baillaumont. Deux compagnies se tiennent prêtes à Oizy.
Cela sent la poudre !
Les hommes sont nerveux. Les heures qui passent les rapprochent de l’ennemi. Les ordres se succèdent, les mouvements aussi.
Des reconnaissances avancées détectent des mouvements allemands inquiétants, entre Haut-Fays et Gédinne. Le colonel ordonne, à tous les bataillons, de faire route au nord. Il faut reprendre les havresacs et les fusils, avancer de plus en plus loin.
Finalement, le régiment se regroupe à Bièvre. Etymologiquement, ce nom indique que des castors peuplaient la rivière locale. Ils ont disparu depuis longtemps.

Le 23 août, dès 4H30, les fantassins du régiment gagnent les emplacements de combat répartis autour du village. Au nord-est, le long d’une voie ferrée, on trouve les hommes du 2ème bataillon. Sur une croupe située à l’ouest, le 3ème bataillon place deux compagnies. Le 1e bataillon est en réserve dans Bièvre avec le reste du 3ème bataillon. Au sud du village, une compagnie du Génie organise une ligne de défenses au bord d’un ravin.
A 6H30, des coups de feu sont entendus dans les bois situés au nord-ouest de Bièvre. On saura plus tard que des uhlans sont venus au contact de l’escadron divisionnaire. Le colonel envoie une compagnie pour renforcer ce secteur.
A 7H00, le 1er bataillon est envoyé sur la route de Bièvre à Houdremont, à 1km de distance. Il existe, à cet endroit une maisonnette bâtie dans un escarpement, le bataillon s’adosse à la route, tourné vers le nord. Il est en liaison avec les troupes françaises postées plus à l’ouest.
La fusillade commence à ce moment là…

Le 22 août,  le Petit Journal titre, en première page :
« La situation des Armées» : C’est dans le plus grand désordre que les Allemands, battus à Muhouse, se sont repliés au delà du Rhin
« Les succès français en Alsace » : Nos troupes ont obtenu un gros succès.
« Une constatation » :Il est agréable de constater que, hier matin, il n’y avait plus aucun point du sol français occupé par l’ennemi sauf une légère enclave à Audun-le-Romain..


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