Il est difficile d'imaginer, en 2013, que la bonne ville d'Angers fut un jour totalement vidée de ses occupants. Ceux qui survécurent ne purent revenir dans leurs maisons que six ans plus tard.
Nous sommes en 867, sous le règne de Charles le Chauve. Un an plus tôt, à Brissarthe, Robert le Fort est mort sous les coups d'une troupe de pillards bretons et normands. Or, le comte d'Anjou était aussi le marquis de Neustrie, chargé à ce titre de défendre la royaume de Charles le Chauve des incursions des bretons et des vikings.
La disparition du marquis est un désastre. Ses enfants, Eudes et Robert n'ont pas dix ans. Son beau-frère, Hugues l'Abbé mettra quelques temps avant de reprendre le flambeau.
Les normands en profitèrent donc pour envahir Angers. C'était là une fameuse aubaine pour ces guerriers. Ils trouvèrent les fortifications et la situation de la ville fort agréables. On imagine ces barbares, au sens moyenâgeux du terme, quittant leurs cabanes et leurs huttes de Loire et installant leur famille dans des maisons d'artisans, de chanoines, de clercs. Réginon de Prum note que "grande fut leur joie".
Ils réparèrent ce que, sans doute, ils avaient détruit au moment de l'attaque et, du haut des fortifications gallo-romaines, ils narguèrent pendant de longues années les Francs et les Bretons, leurs voisins immédiats.
Pour être tout à fait objectif, il faut bien voir que la ville du IXe siècle n'a rien à voir avec celle du XIe siècle. Elle se serre dans l'enceinte construite par les romains quelques siècle plus tôt. Le périmètre de cette enceinte a été situé par les historiens et les archéologues entre la Maine, la rue Baudrière, la rue Toussaint et le boulevard du Roi René. Nous sommes sur cet éperon rocheux qui domine la Maine et sur lequel Louis IX, au XIIIe siècle, édifiera l'actuel château. Un plan succinct sera plus parlant.
Je vous invite à visiter l'excellent site In situ Revue des Patrimoines pour parcourir les tours et poternes de cette enceinte. C'est passionnant.
Bref, il faudra attendre l'année 873 pour que Charles le Chauve, flanqué de Salomon, le roi de Bretagne, vienne expulser les vikings de leurs belles demeures.
Cela ne se fit pas sans mal.
On dit que Salomon, fatigué des vaines attaques et des maladies qui ravageaient ses troupes, inventa un stratagème. Il fit creuser une sorte de canal, en amont de la Maine, pour détourner ses eaux et mettre à sec les barques des vikings. Les "barbares", bien avant que ces travaux fussent terminés, prirent peur et achetèrent le droit de quitter les lieux. Ils mirent fin à l'occupation de la cité. On situe l'entrée de ce canal vers Reculée. Il n'en reste pas de véritable trace.
Terminons ce billet par un texte de Victor Godard Faultrier, déjà rencontré en ce blog:
Ce fut vraiment un beau spectacle que la rentrée des Angevins dans leurs foyers. L'évêque Dodon avec les prélats des cités environnantes, marchait à leur tête; Charles, roi de France (sic), les mains pleines de riches présents, les accompagnait; Angers n'eut jamais un caractère plus religieux et plus national.....la foule dévote baisait les pierres saintes que des mains profanes avaient souillées....
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