vendredi 8 mars 2013

La Mafia et les vêpres siciliennes.

Il est difficile d'interprêter ce tableau de Francesco Hayez, peint en 1846. Connaissant un peu les circonstances qui conduisirent les siciliens à trucider de nombreux "angevins", je pense que l'homme à l'épée vient de tremper son arme dans le ventre de l'homme en noir qui met un genou en terre. Cet homme en noir, un français (voir la fleur de lys sur sa poitrine), venait de fouiller quelques jeunes siciliens pour s'assurer qu'ils n'étaient pas armés. Comme il s'était un peu attardé à la fouille de la jeune sicilienne en jaune, il a déclenché l'ire des iliens.
Ne croyez pas que j'invente le contexte de ce massacre, c'est à peu près comme cela que cela se passa.
Dans les jours qui suivirent, tous les français qui tombèrent entre les mains des insurgés passèrent de vie à trépas.
Une seule commune sicilienne, Sperlinga, évita de participer à la boucherie et protégea les quelques soldats qui formaient sa garnison. Ceux ci finirent par gagner la calabre voisine, après 13 mois de siège.

Un peu d'histoire

Le royaume de Sicile, comme on peut le voir sur cette carte, s'étend jusqu'à Pescara et Gaète.
Nous sommes en 1382 et, en Sicile justement, l'usage veut que le jour suivant le lundi de Paques, les palermitains se rendent en pélerinage vers l'église du Saint Esprit, située hors les murs.
Hors, depuis 1266, Innocent IV a imposé à la population locale un souverain étranger, Charles d'Anjou, frère de notre célèbre Saint Louis.
Le pape, qui appréciait peu d'être pris en tenaille entre le Saint empire germanique et le royaume de Sicile s'était ainsi débarassé, en 1266, de vassaux exécrés issus de la dynastie des Hohenstaufen, régnant au nord et au sud des Etats pontificaux.
Bien que vassal du pape, Fréderic II de Hohenstaufen était son ennemi déclaré. A sa mort (1250), son fils Conrad IV lui succède. Il meurt quatre ans plus tard.
Cela complique la situation car Conradin, le fils de Conrad n'a que deux ans.
Un fils batard de Frédéric, Manfred de Hohenstaufen s'empare alors du trône de Sicile, aux dépends de son neveu. Cela ne fait pas les affaires du pape Innocent IV. Il excommunie Manfred et cherche un "repreneur".
Voila pourquoi, Charles d'Anjou est, au moment des fameuses vêpres siciliennes, roi de Sicile!
Le 26 février 1266, à la bataille de Bénévent, Manfred a trouvé la mort face aux troupes de Charles d'Anjou.
En 1268, Conradin atteint ses 16 ans. Il est temps pour lui de prendre les armes contre Charles, d'être fait prisonnier devant Tagliacozzo, de poser sa tête sur un billot napolitain et de quitter ainsi la scène. Triste destin de prince qui ne fut pas à l'origine de la tranche napolitaine. (On peut rire un peu non?).

Bref, Charles règne sur la Sicile. Les français de sa suite, soldats et administrateurs, se font rapidement détester. Le sicilien est ombrageux, fier, attaché à ses coutûmes.
En Aragon, la reine n'est autre qu'une fille de ce Manfred de Hohenstaufen, tué par Charles d'Anjou. Le roi d'Aragon, Pierre III, lorgne sur le royaume de Sicile, complote un peu avec les indigènes du cru.
C'est une des causes de ces vêpres siciliennes qui voient la fin du règne de Charles dans l'ile mais pas dans le "royaume de Naples" qu'il réussit à maintenir sous son obédience.
Les aragonnais prennent pied à Palerme et chassent les derniers français présents.

Pour la petite histoire, sachez que les révoltés, quand ils doutaient de la nationalité d'un individu, lui faisaient dire "Cicero" (Pois chiche) en sicilien. Comme ce mot est difficilement prononçable, ils repéraient ainsi ceux qu'il convenait d'estourbir illico.

« Morta Alla Francia ! Italia Aviva ! » était aussi un cri de ralliement bien sympathique. Certains disent que cette expression est à l'origine du mot
 "MAFIA"!

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