Beaucoup de blogs reproduisent un article écrit en 2007 par Claude-Marie VADROT. Comme il n'est pas inutile d'en faire profiter un maximum de personne, je sacrifie également à ce rite écologiste. Peut-être déciderez vous, comme moi, de ne plus acheter de fraises espagnoles. En photo, je vous présente la victime principale de cette culture, le lynx pardelle.
D'ici à la mi juin, la France aura importé d'Espagne plus de 83000 tonnes de fraises. Enfin, si on peut appeler « fraises » ces gros trucs rouges, encore verts près de la queue car cueillis avant d’être murs, et ressemblant à des tomates. Avec d’ailleurs à peu près le même goût des tomates…
Si le seul problème posé par ces fruits était leur fadeur, après tout, seuls les consommateurs piégés pourraient se plaindre d’avoir acheté un produit qui se brade actuellement entre deux et trois euros le kilo sur les marchés et dans les grandes surfaces, après avoir parcouru
A dix tonnes en moyenne par véhicule, ils sont 16 000 par an à faire un parcours valant son pesant de fraises en CO2 et autres gaz d’échappement. Car, la quasi-totalité de ces fruits poussent dans le sud de l’Andalousie, sur les limites du parc national de Donana, près du delta de Guadalquivir, l’une des plus fabuleuses réserve d’oiseaux migrateurs et nicheurs d’Europe.
Il aura fallu qu’une équipe d’enquêteurs du WWF-France s’intéresse à la marée montante de cette fraise hors saison pour que soit révélée l’aberration écologique de cette production qui étouffe la fraise française (dont une partie, d’ailleurs, ne pousse pas dans de meilleures conditions écologiques). Ce qu’ont découvert les envoyés spéciaux du WWF, et que confirment les écologistes espagnols, illustre la mondialisation bon marché.
Cette agriculture couvre près de six mille hectares, dont une bonne centaine empiète déjà en toute illégalité (tolérée) sur le parc national. Officiellement, 60% de ces cultures seulement sont autorisées ; les autres sont des extensions « sauvages » sur lesquelles le pouvoir régional ferme les yeux en dépit des protestations des écologistes.
Les fraisiers destinés à cette production, bien qu’il s’agisse d’une plante vivace productive plusieurs années, sont détruits chaque année. Pour donner des fraises hors saison, les plants, produits in-vitro, sont placés en plein été dans des frigos qui simulent l’hiver, pour avancer
Qui s’en soucie ? La plupart des producteurs de fraises andalouses emploient une main-d’œuvre marocaine, des saisonniers ou des sans-papiers sous-payés et logés dans des conditions précaires, qui se réchauffent le soir en brulant les résidus des serres en plastique recouvrant les fraisiers au cœur de l’hiver.
Un écologiste de la région raconte l’explosion de maladies pulmonaires et d’affections de la peau.
Les plants poussent sur un plastique noir et reçoivent une irrigation qui transporte des engrais, des pesticides et des rongicides. Les cultures sont alimentées en eau par des forages dont la moitié ont été installés de façon illégale. Ce qui transforme en savane sèche une partie de cette région d’Andalousie, entraîne l’exode des oiseaux migrateurs et la disparition des derniers lynx pardelle, petits carnivores dont il ne reste plus qu’une trentaine dans la région, leur seule nourriture, les lapins, étant en voie de disparition. Comme la forêt, dont
La saison est terminée au début du mois de juin. Les cinq mille tonnes de plastique sont soit emportés par le vent, soit enfouies n’importe où, soit brûlées sur place.
Et les ouvriers agricoles sont priés de retourner chez eux ou de s’exiler ailleurs en Espagne. Remarquez : ils ont le droit de se faire soigner à leurs frais au cas ou les produits nocifs qu’ils ont respiré…
La production et l’exportation de la fraise espagnole, l’essentiel étant vendu dès avant la fin de l’hiver et jusqu’en avril, représente ce qu’il y a de moins durable comme agriculture, et bouleverse ce qui demeure dans l’esprit du public comme notion de saison. Quand la région sera ravagée et la production trop onéreuse, elle sera transférée au Maroc, où les industriels espagnols de la fraise commencent à s’installer. Avant de venir de Chine, d’où sont déjà importés des pommes encore plus traitées que les pommes françaises…
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