La tradition ne nous apprend rien par écrit sur Brissarthe, seulement la tradition orale nous transmet que vers l'année 1730 le feu du ciel tomba, au mois de janvier, sur le clocher placé alors sur le milieu de l'église, entre la nef et le chœur. Ce fait m'a été raconté par bon nombre de vieillards de la paroisse qui avaient bien connu l'ancien sacristain qui se nommait Charles Lorilleux, mort âgé de plus de 80 ans, et en particulier par Adrien Boireau qui avait encore sonné dans ce clocher. Il fut détruit par la foudre qui transperça le mur du côté du prieuré et tua, dans la cour, deux porcs immondes.
En 1823, faisant réparer les lambris qui avaient été brulés à la révolution, je vis encore la place de l'escalier par lequel on montait de l'intérieur de l'église à ce clocher.
A. Chantourneau, curé de Brissarthe occupait le prieuré qui alors appartenait au monastère St Serge d'Angers.
Le chiffre de 1741 gravé dans une pierre au dessus de la porte de sa voute annonce que le clocher actuel n'a que 103 ans de date. Plusieurs m'ont raconté avoir connu un nommé Gauttier, mort à 80 ans, qui avait vu pendant qu'on le construisait (il fut dit-on, sept ans en construction) les cloches montées sur des tréteaux établis sur la place, devant l'église, où on les sonnait pour appeler les fidèles aux offices. Il fut, dit-on, bâti, par une demoiselle Hamat, qui demeurait à la trinité, près le bourg. Cette demoiselle se chargea de faire l'avance des fonds nécessaires, moyennant que la paroisse lui donnerait la jouissance, pendant 25 ans, d'une prairie appelée les brouets, située près de la métairie de Tol, et dont les revenus, qui avant cette cession, étaient partagés par feu entre tous les habitants de Brissarthe. Après l'expiration de cette concession, les dits revenus continuèrent d'être répartis comme auparavant.
Encore aujourd'hui, bon nombre de personnes qui ont touché leur portion de rente de cette prairie, qui était affermée à Julien Morillon, 1500 Francs, dernier bail.
Sous la fin du règne de Napoléon, cette prairie fut vendue par la commune à Mr Lemotheux, de Daumeray, environ 20000 Frs, et ces fonds furent placés sur l'Etat qui en paya la rente de 967 Frs jusqu'en 1828, époque où la commune en vendit une portion, jusqu'à concurrence de 10106 Frs, pour l'acquisition de l'ancien presbytère.
Le flèche du clocher devait avoir 28 pieds de plus en hauteur mais, porte la tradition orale, une vive altercation qui se leva entre le maître charpentier nommé Jouin de Saint-Denis-d'Anjou et son principal compagnon excita la colère de celui-ci qui, pour tire vengeance de son maître, alors malade, contremarqua la charpente qui la raccourcit par ce stratagème et lui donna la forme de dôme au lieu d'aiguille.
Ce que je puis encore constater, d'après le témoignage des anciens, et particulièrement d'un nommé Blaise Juin, tailleur, âgé de 86 ans, qui jouit de ses facultés intellectuelles, est que la paroisse de Brissarthe avait alors pour curé, en 1770, Mr Jean Jacquemard, né à Vaucouleurs, en Champagne, qui aurait fait bâtir la cure actuelle, à laquelle était attaché un revenu de 7000 Frs. Il résigna la cure vers l'année 1778 à mr Claude Jacquemard, son parent, attaché alors au collège de La Flèche, dont les jésuites avaient été dépossédés.
Comme en fait foi son portrait, que j'ai entre les mains, Mr Claude Jacquemars était aussi né à Vaucouleurs, en Champagne, en 1739. Il fut député de la sénéchaussée d'Angers, à l'Assemblée Nationale de 1789. Sur la fin de cette assemblée, voyant que les choses prenaient une mauvaise tournure, il écrivit à Mr Le Franche son vicaire, de faire la vente. Il se fixa à Paris où il mourut d'une poussée de goutte pendant la révolution.
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