Déplacement vers la
Belgique
19 au 23 août 1914
Nancy, Sedan, Bièvre
Peu conscients des évènements qui
se déroulent en Alsace et en Lorraine depuis une douzaine de jours, nos
angevins, vendéens et bretons, quittent les
cantonnements du Grand Couronné à partir du 19 août. Ils gagnent la gare
de Nancy, bataillon par bataillon.
Ils ne savent pas que le général
PAU ayant repris Mulhouse le 7 août a déclaré bien imprudemment :
« Enfants d’Alsace, après 44 années d’une douloureuse attente, des soldats
français foulent à nouveau le sol de votre noble pays ». Cette délivrance,
fêtée dans toute la presse française n’était que provisoire. La peau de l’ours
n’était pas encore à vendre. Le 9 août la ville est retombée dans les mains de
l’ennemi et justement, pendant que les soldats du 135ème R.I.
marchent vers Nancy, leurs homologues de l’armée d’Alsace sont en train de la reconquérir. Ils
y réussiront mais pour la perdre de nouveau et ce, pour les quatre années à
venir.
Depuis le 4 août, les Allemands
progressent vers l’ouest de la
Belgique. Ils ont pris Liège le 13 août.
Le 8 août, trois divisions
françaises ont du se replier sur la Lesse, dans les Ardennes belges puis
repasser la Meuse.
Les Allemands, en ce 19 août sont
aux abords de Bruxelles où ils entreront demain.
La guerre des frontières, prévue
par le plan XVII de l’Etat-major français, a débuté le 15 août. Nos troupes se
sont laissé berner par une progression trop facile entre Metz et Sarrebourg.
C’est une sorte de piège dont elles tentent maintenant de se dégager. Les
généraux Dubail et Foch vont bientôt devoir battre en retraite et ce, jusqu’aux
collines du Grand Couronné dont nous venons de partir.
De son côté, notre brave Régiment
d’Infanterie arrive à Sedan en trois échelons, le 20 août. Le 3ème
bataillon débarque du train de Nancy à 4H00 du matin, et va cantonner à
Saint-Menges, le 2ème bataillon à 6H00, il catonne à Fleigneux, le 1er bataillon à 13H00, il
rejoint aussi Saint-Menges.
De gauche à droite, la 17ème
Division d’Infanterie, la 18ème Division d’Infanterie et le 11ème
Corps d’Armée sont désormais tournés vers le nord-est, sur un front de 20 km.
Partie intégrante de la IVème
armée du général De Langle ils vont entrer en Belgique conformément aux ordres
reçus, à l’est des Ardennes. La Vème armée du général Lanzerac est à l’ouest de
ces mêmes Ardennes. Les Anglais sont affectés à la région de Mons.
Disons le tout de suite, que ce
soit en Belgique, en Alsace ou en Lorraine, cette offensive va se solder par
une véritable déroute des forces alliées, une retraite meurtrière !
Jean-Baptiste, François
et Pierre sont, quant à eux, heureux d’avoir laissé les pelles et pioches à
d’autres fantassins pour, enfin, participer à une action strictement militaire.
Ils vont enfin donner une leçon méritée à ces orgueilleux Allemands, les
renvoyer chez eux puis retourner en Anjou.
Le 21 août, à 6H00, ils entrent
en Belgique, accueillis par des manifestations de joie. Le colonel s’installe à
Chairière avec le 1er bataillon. Le 2ème bataillon est à
Vresse, le 3ème à Six-Planes. Ils garnissent en outre quelques
avant-postes autour de Monceau et Baillaumont. Deux compagnies se tiennent
prêtes à Oizy.
Cela sent la poudre !
Les hommes sont nerveux. Les
heures qui passent les rapprochent de l’ennemi. Les ordres se succèdent, les
mouvements aussi.
Des reconnaissances avancées
détectent des mouvements allemands inquiétants, entre Haut-Fays et Gédinne. Le
colonel ordonne, à tous les bataillons, de faire route au nord. Il faut reprendre
les havresacs et les fusils, avancer de plus en plus loin.
Finalement, le régiment se
regroupe à Bièvre. Etymologiquement, ce nom indique que des castors peuplaient
la rivière locale. Ils ont disparu depuis longtemps.
Le 23 août, dès 4H30, les
fantassins du régiment gagnent les emplacements de combat répartis autour du
village. Au nord-est, le long d’une voie ferrée, on trouve les hommes du 2ème
bataillon. Sur une croupe située à l’ouest, le 3ème bataillon place
deux compagnies. Le 1e bataillon est en réserve dans Bièvre avec le
reste du 3ème bataillon. Au sud du village, une compagnie du Génie
organise une ligne de défenses au bord d’un ravin.
A 6H30, des coups de feu sont
entendus dans les bois situés au nord-ouest de Bièvre. On saura plus tard que
des uhlans sont venus au contact de l’escadron divisionnaire. Le colonel envoie
une compagnie pour renforcer ce secteur.
A 7H00, le 1er
bataillon est envoyé sur la route de Bièvre à Houdremont, à 1km de distance. Il
existe, à cet endroit une maisonnette bâtie dans un escarpement, le bataillon
s’adosse à la route, tourné vers le nord. Il est en liaison avec les troupes
françaises postées plus à l’ouest.
La fusillade commence à ce moment
là…
Le 22 août, le Petit Journal titre, en première
page :
« La situation des Armées» :
C’est dans le plus grand désordre que les Allemands, battus à Muhouse, se sont
repliés au delà du Rhin
« Les succès français en
Alsace » : Nos troupes ont obtenu un gros succès.
« Une constatation » :Il est agréable de
constater que, hier matin, il n’y avait plus aucun point du sol français occupé
par l’ennemi sauf une légère enclave à Audun-le-Romain..
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