mardi 15 décembre 2015

Avis de recherche. Où est le christ en buis de l'église de Brissarthe? Est-il dans le musée de Raymond Dubois?

Ce n'est pas la quête du Graal, encore moins la quête rédemptrice d'un Dieu qu'il soit de colère ou de miséricorde. Je cherche tout simplement le magnifique Christ en buis qui ornait le mur nord de la nef de l'église.
Il est possible que, tout au moins sous cette forme matérielle, il n'ait été que de passage, à l'occasion d'une exposition temporaire du sculpteur de Solesmes, Raymond Dubois. Mais, je lis dans un article du Courrier de l'Ouest du 23 août 1964:
" M le Curé sait apprécier tout ce qui est beau, quelle qu'en soit l'époque. Il a fait ainsi l'acquisition pour l'église d'un christ sculpté dans du cèdre, œuvre de Dubois, un artiste de Juigné-sur-Sarthe, près de Solesmes. Cette œuvre très expressive reste figurative."



En réalité, cette œuvre serait en buis si l'on en croit ce qu'en dit le sculpteur lui même.
Nous le voyons, ci dessous présentant la croix à l'abbé Oriot et à M Guinebert. Taillée dans un buis trouvé à Miré, la sculpture a orné longtemps le mur de la nef avant de .... disparaître.




Certains ne l'aimaient pas. Il faut dire que c'est un des rares exemples de représentation du crucifié, tête courbée avec les cheveux cachant le visage.
La croix de bois était mal équarrie. J'ai la faiblesse de croire qu'il en était de même pour celle utilsée par les romains.
On apercevait cependant le visage du crucifié sous ces longs cheveux.
Les membres de la Société des Amis de l'Eglise, ancêtre de notre association actuelle "Sauvegarde Patrimoine Brissarthois", avaient émis le vœu que l'œuvre reste dans Notre Dame. Ce jour là, le cercueil du trésorier de l'association avait été placé au pied de la rude croix de bois. M Langlois venait en effet de nous quitter. (Août 1964)


Sur la photo ci-contre, datant du 27 novembre 1962, le christ en question semblait placé plus haut. J'avoue ne pas êtres certain que ce soit le même.
Notez bien que celui là aussi a disparu.

On trouve, sur la toile, une photo récente de ce que certains traitent d'hérésie artistique.
Personnellement, je serais ravi que l'hérésie en question revienne à Brissarthe. je suis sur plusieurs pistes, tel Sherlock Holmes. Mais, je suis preneur également de toute information.
Je prie Jésus de revenir chez lui, dans l'église de Brissarthe. Il ne lui sera fait aucune remontrance sur sa coupe de cheveux!.

dimanche 25 octobre 2015

Les vieux démons

"Malheur à ceux par qui le scandale arrive" semble être une maxime de bon sens. Mais, quand un enfant dénonce l'éducateur, le prêtre ou l'enseignant ayant mis à profit les moments où il est seul avec lui pour céder à des pulsions malsaines, celui par qui le scandale arrive est ... l'enfant. Longtemps, la réaction des parents fut un mélange d'incrédulité, de peur, de méfiance. Des générations de petites filles, de petits garçons, ont été priées, fermement, de se taire.
Le sentiment de culpabilité était réservé aux victimes confortées dans ce traumatisme par la réaction des personnes à qui elles se confiaient.
Et que dire quand le tortionnaire était le papa ou la maman? Combien de mères et de pères ont détruit leur progéniture pour protéger le conjoint fautif?
Aujourd'hui, la parole est libérée, la justice est plus présente, les autorités plus attentives. Malgré quelques dérapages inverses, on ne peut que s'en réjouir.
Mais, les vieux démons ne sont pas morts.
Les tenants de l'omerta ont perdu la première bataille, mais ils sont tapis dans l'ombre. Il leur reste un os à ronger: les vieilles affaires. Malheur à celle, ou celui, qui veut profiter de leur défaite pour demander justice, réparer les oublis, relever la tête.
On les voit alors, la bave aux lèvres et l'œil injecté de sang se jeter sur toute personne ayant l'outrecuidance de vouloir déterrer les vieux cadavres. 
Les réflexes survivent habillés de méfiance, d'incrédulité, de peur du scandale. D'autres drapeaux sont brandis: le temps écoulé, la prescription, la mémoire, la notoriété. Le combat est encore plus difficile, les leviers plus sournois.
La presse, qui n'a rien compris, se fait volontiers l'écho de ces individus. Elle relaie leur colère, leurs arguments, leurs mensonges. Un scoop est un scoop! Tant pis si le résultat final est pire que le résultat escompté! Avec un grand bâton, on remue le fond de la fosse septique sans se préoccuper des mauvaises odeurs que cela induit.
C'est triste. 
Que dis-je? 
C'est lamentable.



La rue qui divise la commune
Une lettre accusatrice, des élus qui décident de retirer un nom à une rue et c’est Brissarthe qui se divise.
La rue de la discorde longe l’église et l’ancien presbytère. Une bonne centaine de mètres plus loin, elle débouche sur le parking du vieux port. La municipalité de Brissarthe s’apprête à retirer le nom de cette voie. Depuis le printemps, le sujet empoisonne cette commune de 600 âmes, divisée en deux clans : les pour et les contre. Au-delà de l’affaire, les relations se sont dégradées. La paix reviendra-t-elle ? « Pas si sûr », reconnaît-on de part et d’autre. « Ça va laisser des traces ».

Retour arrière. Le 30 avril dernier, une sexagénaire domiciliée à 40 km de la commune mais qui a passé sa jeunesse à Brissarthe écrit au maire. Elle demande officiellement que le conseil municipal change le nom d’une rue. Celle d’un abbé ayant officié de nombreuses années auprès des paroissiens. La dame porte des accusations graves envers le prêtre décédé depuis 1970. Comme l’affaire n’a jamais été jugée, c’est la présomption d’innocence qui prévaut.

Pourtant, quelques jours plus tard, le conseil s’empare de la demande et à la majorité de 10 voix pour et 3 contre décide de répondre favorablement à la demande de l’auteure du courrier.

Très vite la décision - jugée « hâtive » par ses détracteurs - alimente les conversations. « Le sujet est conflictuel et perturbe la commune », lâche le maire Alain Bourrier, peu disert. Il estime qu’un de ses conseillers « agite le chiffon rouge » en s’opposant à l’avis majoritaire. Patrick Debarle, l’élu en question, n’a pas l’intention de plier l’échine. « Je ne supporte pas l’injustice, la manipulation ». Il en fait « un principe de fonctionnement démocratique ».
La rue de la discorde longe l’église et l’ancien presbytère. Une bonne centaine de mètres plus loin, elle débouche sur le parking du vieux port. La municipalité de Brissarthe s’apprête à retirer le nom de cette voie. Depuis le printemps, le sujet empoisonne cette commune de 600 âmes, divisée en deux clans : les pour et les contre. Au-delà de l’affaire, les relations se sont dégradées. La paix reviendra-t-elle ? « Pas si sûr », reconnaît-on de part et d’autre. « Ça va laisser des traces ».

La mise en place d’une commission, censée examiner les conséquences de la décision municipale, n’a en rien apaisé les esprits. En cause, la composition de ladite commission. Pour le conseiller récalcitrant, « On ne devrait pas remuer une affaire comme ça autant d’années après, alors que la personne incriminée, morte depuis longtemps, ne peut pas se défendre. Je ne dis pas que ce que raconte la dame n’a pas existé. Je dis qu’une municipalité ne peut pas, sur simple lettre, jeter ainsi l’opprobre sur quelqu’un ».

A-t-on réuni une assemblée de sages ? A-t-on alerté les pouvoirs publics ? A-t-on contacté l’évêché ? Non. La décision de la commission « a pris en compte la parole qui se libère souvent de nombreuses années plus tard », souligne le maire bien décidé « à maintenir le cap » par « principe de précaution ». Gérard Martin, l’abbé actuel de Brissarthe, aimerait « sortir tout le monde par le haut ». Il constate que dans cette affaire « des gens souffrent ». Il prône « la discrétion » et « ne veut pas juger, ni prendre parti ». La municipalité « se pose en juge », rajoute-t-il. « Elle prend ses responsabilités ».

Dans un camp, on évoque le lien familial avec la « plaignante » pour expliquer l’empressement du maire et son implication personnelle. On remarque qu’aucune démarche n’a été engagée à l’époque où la rue a été inaugurée en 1987. L’autre camp n’apprécie pas le conseiller municipal, ce « Parisien à l’allure de grand bourgeois » passé maître dans l’art « d’emmerder » le peuple.

Lui, venu couler une retraite paisible sur les bords de la Sarthe reste droit dans ses bottes. « Si un simple courrier suffit à dénoncer quelqu’un, où allons-nous ? », s’indigne-t-il. « Pas question d’être juge et parti. Nous, élus, ne sommes pas aptes à porter un jugement sur une affaire grave ». Si la décision est maintenue en l’état, il est prêt à déposer plainte auprès du tribunal.

La municipalité paraît fragilisée. Les dossiers municipaux abordés depuis (travaux et fusion) sont désormais chargés de suspicion. Deux élus ont démissionné, trois seraient passés dans « l’opposition »… sur huit élus. Brissarthe bruisse de rumeurs. Quand retrouvera-t-elle la sérénité ?

Bref!
Tous les acteurs du psychodrame sont réunis. 
Ceux qui osent braver les vieux démons sont des manipulateurs, des empoisonneurs, des perturbateurs hâtifs.
Celui qui s'y oppose est droit dans ses bottes, ne pliera pas l'échine, ne supporte pas l'injustice et défend un principe de fonctionnement démocratique.
Cherchez l'erreur!
Les conséquences, mal mesurées par la municipalité seront désastreuses pour la commune! Le vieux démon agite la crécerelle de la lèpre, les braves gens prennent peur et demandent des comptes.
Amalgame incroyable entre des événements anciens et l'affaire, on y associe le fait que  des conseillers ont démissionné. On se met à rêver de troubles hypothétiques au sein du conseil. On introduit une opposition virtuelle dans ce groupe très soudé! On fait circuler une pétition qui recueille 31 voix sur 625 habitants dont 10 de villages voisins! Pour un peu, on en appellerait au pape! Sa réponse les surprendrait sana doute!
Le maire exerce son droit de réponse ainsi:
Dix élus du conseil municipal de Brissarthe vous demandent de publier cette réponse à l’article paru dans votre journal du 8 octobre.


Une sorte de pétition a circulé dans le village dans les jours qui ont suivi la décision, prise à 10 voix contre 3, de débaptiser la rue Rémi ORIOT. Bien qu’elle n’ait recueilli que 31 signatures, nous respectons profondément  l’avis des personnes ayant ainsi exprimé leur désaccord.

Un des élus opposés à notre décision et dont il faut savoir qu’il habite dans la rue touchée par le changement de nom, utilise tous les leviers dont il dispose pour relancer le débat.

C’est son droit. Cependant, il nous appartient de faire savoir à vos lecteurs que certaines affirmations sont, pour le moins, erronées.

Il est faux de dire que le conseil est fragilisé. Au contraire, notre cohésion n’a jamais été aussi forte. Nous débattons, une fois par mois et en toute sérénité, de sujets importants liés aux investissements et aux fusions à venir et, lors du dernier conseil, toutes les décisions ont été prises à l’unanimité.

Certes, deux élus ont démissionné, le premier en septembre 2014, le second en mars 2015. Difficile de faire le lien avec une délibération de mai 2015 !

Trois élus sur huit seraient passés dans l’opposition. Nous nous demandons de quel groupe il s’agit ? Treize élus siègent au conseil dont aucun ne se réclame d’une quelconque opposition.

Sur le fonds de cette « affaire »,  nous affirmons n’avoir porté aucun jugement sur le prêtre objet de la démarche incriminée. Conscients du temps écoulé, de la prescription des faits, de l’impossibilité d’en apporter la preuve, nous avons pris une décision purement administrative. Nous en avons référé à l’épiscopat, par l’intermédiaire du curé de la paroisse. Aucun avis ne nous est parvenu à ce jour.

Si besoin est, notre assistance juridique nous accompagnera et, à quelque chose malheur est bon, cela nous permettra d’avoir une réponse formelle sur la légalité, ou non, de notre décision.

   La municipalité résistera, avec courage et pugnacité,  aux vieux démons!

 Car, ne l'oublions pas,
nous sommes au XXI ème siècle!







jeudi 30 juillet 2015

jeudi 23 avril 2015

Nouvelle: Le jour du cul tourné

Je me suis essayé récemment à l'ébauche d'un roman de guerre et, pour l'instant, m'y suis perdu faute de temps et de courage.
Sous forme de nouvelle, cela pourrait mieux me convenir. Les nouvellistes sont sans doute de grands paresseux. Cette procrastination donne le résultat qui suit:

Certaines femmes gardent, du plus profond des âges, l’instinct primitif qui leur fait deviner qu’un homme est tapi dans l’ombre, et les regarde. Il n’est pas d’explication à cela. Pas d’odeur ni de bruit, ce serait trop simple, seul un frisson à fleur de peau…
Ainsi, Marie, ondulant son échine souple vers le pré où séchaient des chemises, sait que Pierre est au sombre de la grange. Elle ne donne aucun signe de cette prescience mais accentue la cambrure de ses reins.
Il fait chaud et l’air vibre les sons de l’été. Une bretelle du caraco blanc glisse sur son bras et elle la remet en place. Le geste est caresse.
Elle fut contre lui au moment de la sieste et il a gardé des odeurs au creux de ses rudes mains de laboureur. Elle était moite et fraiche, à la fois.
Après quelques agaceries, il l’avait tournée sur le ventre et anges et démons s’étaient déchirés. Le nez dans l’oreiller, doigts crochés dans les draps, elle avait accepté, comme une offrande à sa croupe somptueuse, qu’il explora d’un pénis impérieux le pertuis jusqu’alors refusé à ses désirs d’homme.
Etonné de cette petite victoire il n’avait pas retenu son assaut.  Glissant ses doigts au long du ventre puis entre les cuisses de la femme, Pierre avait trouvé l’humidité de l’ouverture délaissée et y avait joué une partition qui peupla l’air de sons rauques.
L’orgasme puissant de Marie faillit le désarçonner mais il se maintint sur la cavale et déversa en elle une semence, stérile par destination.
Le chien qui, pendant l’accouplement, avait guetté les bruits bizarres du logis, était retourné au frais de sa niche.
Vautré dans ses sueurs, le couple s’était accordé quelques minutes de langueur puis, d’un coup de rein, elle s’était débarrassé de lui et, le laissant pantois au fond de la couche, s’en était allé tirer une seille d’eau fraiche à la pompe. Elle y avait plongé ses belles mains de lavandière et rafraichi ses épaules et son cou meurtris par la barbe rêche du mâle. Elle était femme et fière. Elle était sienne. Il lui appartenait.

La belle fermière rassemble les chemises sur un bras et traverse la grande cour pavée.
La main en visière elle jette un regard vers le vallon de la Quintaine. Il fera lourd demain, dans le regain, quand il ira le faucher.
Ce sera une rude journée mais le soir, au seuil de sa demeure, elle l’attendra.

Pierre se décolle du poteau de bois qui soutenait sa fatigue et tourne les yeux vers le bois de chênes et de trembles qui domine ses terres puis vers la ferme, semblable à  toutes les closeries éparpillées sur le territoire de sa commune. Le logis, l’étable et l’écurie sont sous un même toit d’ardoises et forment une grande longère en pierres. Les portes et fenêtres sont encadrées de tuffeau et, en ce beau mois d’août, béent sur la cour pavée.
Il rejoint Marie dans la pièce à vivre.
Entre la cheminée et le grand bahut en noyer, la comtoise du grand-père Auguste égrène les secondes qui les séparent des vêpres. Les cloches de l’église vont bientôt battre le rappel des paroissiens, du moins, ceux qui sacrifient encore à cette petite messe du soir.
Sa femme a déjà enfilé une longue robe noire, rappel du deuil récent de son père, couvert ses épaule d’une courte veste de calicot et entreprend de fixer un chapeau  sur sa blonde chevelure. Même attifée ainsi, elle reste appétissante avec ses bras blancs jetés vers les épingles de sa coiffe. Il se garde bien de l’approcher, elle le rabrouerait.
Il est des heures pour l’amour et d’autres pour son sacré bon dieu. Marie était vierge, plus encore que la mère de Jésus quand, début juillet, il put enfin dénouer les rubans de sa robe de noces. La nuit avait tenu ses promesses !
Il s’approche du calendrier des postes, tâche sur le mur de la cuisine. Nous sommes le samedi 1er août 1914.
L’été s’annonce paisible. Les blés promettent des silos bien remplis et des greniers débordants de paille dorée.
Dans l’écurie, la jument donne du sabot sur les bas flancs. Dans la Prée, un veau donne des coups de tête sous sa mère et cherche le pis. La truie est sur le flanc assaillie par une douzaine de porcelets roses.
Le coq a claironné ce matin que l’univers était en ordre.
On lui cèle qu’il est prévu d’en faire un ragout la semaine prochaine.
Cela se caquette dans la basse cour.

« Fais donc taire ce chien!» s’est énervée Marie, toujours aux prises avec son bibi.
Mais, Pierre s’est figé et doigt tendu réclame silence.
Car, le son des cloches du village s’amplifie et annonce un drame. Aucun doute ne peut subsister. C’est le tocsin, sinistre et lancinant, celui des grands malheurs.
Le chien a été le premier à entendre la voix de l'airain.
Ils se regardent puis, d’un seul élan, sont dans le chemin du bourg. Ils ne prennent même pas le temps de crouiller la porte. Silencieux, cœur battant, ils vont.
D’autres villageois pressent le pas vers l’église, l’air grave. Des regards s’échangent. Ils ont hâte d’apprendre ce qu’ils savent déjà.
C’était donc vrai !
Dans un pays qu’ils seraient bien en peine de situer, la mort d’un petit archiduc va obliger les hommes à abandonner leurs récoltes, leurs boutiques, leurs ateliers, leur famille.
Ils ont peine à y croire et pourtant ces affiches, placardées sur le portail du vieil édifice, et à la mairie, le disent bien :
« Par décret du Président de la République, la mobilisation des armées de terre et de mer est ordonnée ainsi que la réquisition des animaux, voitures et harnais nécessaires au complément de ces armées ».
« Le premier jour de mobilisation est le dimanche 2 août 1914. » Demain !
Animaux, voitures et harnais ! Ces trois mots, à eux seuls, ont plus d’impact sur l’esprit des paysans que leur propre mobilisation. Si on touche à leurs chevaux, c’est que cela doit être grave !
« Tout français soumis aux obligations militaires doit sous peine d’être puni avec toute la rigueur des lois, obéir aux prescriptions du FASCICULE DE MOBILISATION (Pages coloriées placées dans son livret). »
« Cré bon Dieu de bon Dieu ! » Pierre ne trouve pas d’autres mots et fait de cette phrase une litanie.
Il est de la classe 10 et comprend que, dès demain, il lui faudra rejoindre Angers et le 135ème Régiment d’Infanterie.
Marie aussi a compris. Il la rejoint. Appuyée contre la muraille de la nef, elle presse sur sa bouche deux poings serrés. Les jeunes rappelés paraissent presque joyeux et se dirigent vers les cafés du bourg mais les femmes savent !.
Elle en veut à Pierre. Elle en veut à tous les hommes de la terre, ces idiots. Elle refuse sa compassion et lui fait signe de rejoindre ses cousins et ses amis. Ils forment un petit groupe au détour de la rue et l’attendent.
Il est assez lâche pour lui obéir, pour fuir sa tristesse. Il n’a pas peur. Après tout, c’est l’affaire de quelques jours, au plus quelques semaines. Elle rejoint les autres femmes.
Il la perd.
Les jeunes mobilisés s’échauffent bientôt autour des fillettes de vin d’Anjou.
« Encore une que les prussiens n’auront pas ! » Puis encore une et encore une.
Il est de nature sobre mais, quand il rentre à la ferme, Marie, sans dire un mot sert la soupe et le lard puis va se coucher. Ce sera une nuit du cul tourné!
Combien se maudiront, en attendant une permission, d’avoir ainsi gâché la dernière nuit passée auprès de leur compagne ?
Le coq a gagné quelques mois de répit. Le ragout est reporté.

samedi 28 mars 2015

Ne toucher à rien, Barbara Deschamps

Des amis m'ont fait découvrir cette excellente chanson de Barbara Deschamps.
A méditer tranquillement devant un verre de scotch.
Un maire qui a besoin de repos.

Pages suivantes

Pour continuer la lecture vers d'autres billets plus anciens, cliquez sur le lien ci-dessus, à droite.