Les combats de Faux
30 août 1914
Le régiment fait face à l’ennemi
Sur un front de 300 km, ce ne sont pas moins
de 7 armées allemandes qui ont repoussé les forces françaises et anglaises. A
l’est, le général De Castelnau a réussi à arrêter leur progression mais, de
Verdun à Cambrai, nous reculons. Certes, c’est une retraite assez bien ordonnée
mais il faudra, un jour ou l’autre, enrayer ce mouvement. Le plan Schlieffen ne
semble plus vraiment à l’ordre du jour. Les Allemands qui avaient projeté de
contourner Paris par l’ouest ont changé d’avis. Leurs forces ont obliqué vers
l’est de la capitale.
Le 30 août, l’Aisne est sur la
route de l’ennemi et offre une possibilité défensive.
Le 135ème régiment
d’Infanterie est un pion au milieu de ce vaste dispositif. Ses effectifs
viennent d’être remis à niveau avec l’apport du 3ème bataillon du 32ème
R.I. et 500 réservistes. Ses 3000 fantassins vont donc être, de nouveau, lancés
dans le tourmente.
Sur un front de 8 km, de part et d’autre de
Faux, 10 km
au nord-est de Rethel, ils vont devoir faire face à l’ennemi.
De 4 h à 7 h du matin, on consolide
fébrilement les défenses organisées la veille.
A 7h, les 2ème et 4ème
bataillons sont violemment attaqués par les Allemands. Notre artillerie ouvre
le feu.
A 10H, ces deux bataillons
doivent refluer vers le sud-est, sous un violent pilonnage de l’artillerie
adverse. Les 1er et 3ème bataillons se retrouvent en 1ère
ligne et subissent de lourdes pertes sous le feu des canons ennemis.
On réussit cependant à dégager le
77ème R.I. qui, lui aussi, recule.
Les combats sont intenses. La
1ère ligne du 3ème bataillon cède, à 13H30, sous la pression de
forces supérieures. Il en est de même pour le 1er bataillon.
Une contre attaque héroïque menée
par les hommes encore valides, conduits, drapeau en tête, par le
Lieutenant-colonel Graux, échoue. Les fantassins allemands ne se montrent même
pas. L’artillerie écrase nos soldats.
La retraite est ordonnée. Ce
qu’il reste du régiment est rassemblé à l’abri du remblai de la voie ferrée.
Ces hommes, épuisés, atteignent
Amagne puis Seuil, une dizaine de km au sud de la ligne des combats.
Le brave lieutenant Gaston
SULFOURT, qui, avec sa section de mitrailleuses avait échappé par miracle aux
obus allemands, à Bièvres, est tué à Faux. Nous n’avons plus de mitrailleurs.
Les fantassins qui arrivent à
regagner Seuil n’ont plus d’équipements dignes de ce nom. Les havresacs ont été
abandonnés, sur ordre du général, avant la contre attaque menée par 1er
bataillon.
Comme à Bièvre, les pertes sont
considérables. Onze officiers et 1100 hommes sont hors de combats, tués,
blessés, disparus.
C’est, de nouveau, un régiment
décimé qui cantonne à Seuil. De nouveau, les hommes se comptent, se cherchent,
retrouvent l’ami ou le pleurent. Puis, ils s’effondrent tout habillés là où ils
peuvent, dans leur sueur. Le mois d’août est presque fini. Là bas, en Anjou,
les femmes rentrent la paille et regardent vers l’est. Elles ne savent pas…
Le Petit Journal titre, en
première page :
« La situation
militaire» : En Lorraine, la progression de nos forces s’est accentuée.
Nous sommes maîtres de la ligne de la Mortagne et notre droite avance.
« La mort du pape Pie X» :
Les cardinaux porteront la cape violette
« L’effort de l’Allemagne s’épuisera fatalement » :
le général Joffre est l’homme de la situation, avec le calme et la prudence
nécessaires, pour supporter tout le poids et l’effort colossal de l’Allemagne,
effort impossible à prolonger et qui s’épuisera fatalement devant la tactique
française…
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