samedi 26 mars 2011

Notions de dictature pour les nuls

Lorsque je regarde les "rebelles" libyens s'exprimer devant les journalistes puis partir au combat, je ressens un profond malaise. Qui, parmi ces gens, qui n'ont que le mot "dieu" à la bouche, serait capable de gouverner un pays, vaste comme trois fois la France, régi depuis l'arrivée de Kadhafi au pouvoir par le principe de la Jamahiriya?
Au départ, le principe n'est pas mauvais. C'est plus tard, qu'il fut dévoyé par le colonel, trop gourmand, trop orgueilleux, trop fou pour appliquer les théories qu'il avait, lui même, élaborées.
La Libye est une mosaïque de groupes sociaux et de tribus plus ou moins puissantes. Parmi les groupes sociaux on trouve les commerçants, les artisans, les intellectuels, les militaires, les policiers, encore reliés, ne serait-ce que généalogiquement à l'une ou l'autre des tribus, mais peu influencés par ces attaches.
Parmi les tribus, on note celle de Kadhafi, favorisée par le dictateur, et d'autres, plus ou moins puissantes, plus ou moins localisées, plus ou moins sédentarisées.
C'est l'existence même de ces tribus qui rend le pays pratiquement ingouvernable. Car les termes d'état et de tribu sont, par essence, antithétiques. Une tribu se gouverne de l'intérieur, elle a ses propres règles, ses hiérarchies et ses rites. Souvenez-vous du film "Lawrence d'Arabie" et de ces scènes pendant lesquelles les tribus siègent à Damas, pour régler les problèmes du moment. Quelle cacophonie!
Khadafi appliquait une méthode de gouvernement basée, justement, sur un non-gouvernement. Jamahiriya veut dire, littéralement,  "la chose des masses", une sorte de socialisme à l'état pur, de démocratie idéale.
Dans la réalité, cela voulait simplement dire qu'il tenait le pouvoir d'une main de fer, s'appuyant sur sa police et son armée, plus que sur les préceptes de son fameux "livre vert".
La gestion de la Libye s'appuie sur des congrès, des syndicats, des comités, dont les décisions sont sensées devoir être mises en œuvre par le Guide de la révolution. Dans la réalité, Khadafi est le seul décideur des évolutions du pays.
Malheureusement, il faut reconnaitre une certaine efficacité à ce mode de gouvernement. Sur le plan de l'éducation ,de la santé, de la vie sociale, cela fonctionnait à peu près. Certes, la famille du dictateur avait les  mains dans la caisse, les libertés de pensée étaient nulles, et les prisons pleines de contestataires mais, la question est la suivante: "Comment passer de cette dictature à la démocratie?".  Ce n'est pas un avis, c'est une question que je me pose! 

Certaines phrases du livre vert de Kadhafi ne manquent pas de réalité:
"Le parti d'opposition, en tant qu' « appareil de gouvernement » désirant parvenir au pouvoir, doit nécessairement abattre l’appareil en place, et pour ce faire il lui faut en saper les réalisations et en dénigrer les projets, même si ceux-ci sont profitables à la société."

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