Les prémisses de la création d’une commune nouvelle autour de
Châteauneuf-sur-Sarthe furent prometteurs et sympathiques.
Le maire
de Châteauneuf se rapprocha des maires des communes alentour et proposa d’y
réfléchir. Le berceau de cette fusion était constitué de la vallée de la
Sarthe, lien naturel de ce qui constituait un réel bassin de vie pour
Juvardeil, Contigné, Brissarthe et donc Châteauneuf où les habitants de ces communes
ont coutume de se rendre pour leurs emplettes et autres démarches.
Un
consultant extérieur fut mandaté pour aider à cette démarche courtoise et une
première réunion des conseillers municipaux concernés eut lieu.
Las, furieuse
de cette initiative et épaulée par le maire de Champigné, la présidente de la
Communauté de Communes du Haut Anjou, par ailleurs adjointe d’un conseil
municipal voisin, s’invita à la réunion et fit savoir son opposition au projet.
Dans les
jours suivants, elle dévoya le consultant, l’embaucha à la ComCom, et lui
assigna une nouvelle tâche : Etendre la fusion aux dix communes la
composant.
Elle n'y
est pas parvenue.
Le modus
operandi adopté par les tenants de cette fusion fut, sans aucun doute, la
raison première de cet échec.
Dès cet
instant, ce qui devait aboutir à la création d'une commune nouvelle, appuyée
sur un projet de territoire cohérent, et réfléchi, a été dévoyé vers un seul
but : mettre en place une entité forte, permettant de faire face aux
autres partenaires de la future communauté de communes. Plus question de projet
cohérent de territoire, mais la défense forcenée d’un projet destiné à
contrecarrer l’antagonisme supposé avec nos futurs partenaires. Les rares élus
qui voyaient une chance dans la fusion des trois communautés de communes, autre
action parallèle, décidée par la préfecture, étaient ostracisés, montrés du
doigt, vilipendés.
D'autres
raisons furent invoquées ou, a contrario, soigneusement occultées. Il en allait
ainsi de l’avenir de la présidente de la CCHA. En effet, n’étant pas maire de
sa petite commune, elle disparaissait le 1er janvier 2017 car non éligible en tant
que conseiller communautaire.
Dès les
premières réunions de travail, elle annonça, un an à l'avance, que le maire de
la future commune nouvelle serait … la
présidente de la CCHA. On ne peut pas être plus antidémocratique. Le
consultant abonda dans ce sens posant que nulle autre personne, maire en place
ou conseiller municipal, ne devait briguer ce poste à soumettre pourtant au
vote des 165 futurs conseillers municipaux. A noter que le principal défenseur
de cette proposition fut le maire de Sœurdres (250 habitants). Le maire de la
ville de Châteauneuf-sur-Sarthe, avec ses 3200 habitants, siège de la future
mairie, reçut mission de ne pas plus se présenter que les autres
élus, qu’ils fussent maires de Champigné ou de Miré.
Cet
objectif n’étant pas avouable, il fallut bien trouver les arguments plaidant
pour la création de la commune de plus de 10 000 habitants qui en résulterait.
Car plus question de projet de territoire, de bassin de vie cohérent. Il
s'agissait de convaincre les conseils municipaux, souverains dans leurs
décisions, si possible avec l'aval des 10 maires, sinon en marchant sur leurs
têtes.
Le
professeur parisien s'attela à la tâche et rechercha de mauvais arguments.
Ce fut pitoyable pour ne pas dire grotesque. Heureusement pour lui et sa
cliente, l’aréopage qu’on rassembla autour de lui était tout aussi pitoyable.
Panurge y eut reconnu ses petits !
-
L’argument de services de proximité ne résiste pas à une analyse
sérieuse et à une observation des solutions trouvées par d'autres communautés.
Il suffit que les trois anciennes communautés de commune gardent chacune une
petite équipe décentrée pour mettre en œuvre les décisions prises au siège.
Cela se fait partout, y compris dans les communautés urbaines.
-
Le risque de retour de certaines compétences vers des petites
communes incapables de les gérer n’a pas non plus tenu la route. Aujourd’hui,
toutes les compétences anciennes ont été reprises par la CCVHA et ce, malgré
les efforts de la présidente qui, en comité de pilotage de la fusion des trois
communautés de commune a lutté pas à pas, avec son acolyte, le maire de
Sœurdres, pour que ces compétences ne soient pas reprises. Malheureusement pour
elle, et malgré son insistance, il fut décidé de reprendre toutes les
compétences.
-
La gouvernance de la CCHA a posé comme axiome premier que les dix
maires de la CCHA et les quelques conseillers communautaires supplémentaires de
la commune nouvelle pourraient puiser leur force dans leur appartenance à une
seule grosse commune. Cet argument fut le plus difficile à combattre, lors des
débats publics, car il était simple et logique. Simple si on veut bien admettre
que le fait d'appartenir à une seule commune nouvelle ferait taire toutes les
divergences, je demande à voir, logique mathématiquement si on veut bien
oublier que le fait de créer une seule commune nouvelle pour dix communes fait
automatiquement, perdre 5 conseillers communautaires. Enoncé par un
intervenant, lors d’un débat public, ce contre argument fut balayé d’un revers
de main.
-
Ajoutons qu'un autre argument fut matraqué lors des débats :
l'aspect financier. C'est le seul qui résistait à l'analyse si tant est qu'on
veuille bien admettre que l'Etat, dans sa grande misère, est encore capable de
donner des millions d'€ dans une période où il cherche à minimiser les
dotations aux communes
En plus,
on oubliait un autre critère, souvent mis en avant par les hommes politiques et
l'Association des Maires de France : « on
ne fait pas une commune nouvelle pour l'argent mais pour le bien des habitants,
dans le cadre d'un véritable projet de territoire ». Il n'est pas
plus sourd que celui qui ne veut entendre et cette vérité fut rejetée !
Bref,
ceux qui furent étonnés des refus de Châteauneuf-sur-Sarthe et de Miré
d'adhérer à ce projet de dupes, n’avaient pas eu conscience d’avoir été
manipulés et dupés par un aréopage d'élus dont certains, je veux bien
l'admettre, furent eux-mêmes manipulés. Le castelet construit pour cette danse
de marionnettes était à plusieurs étages. Et plus les ficelles étaient grosses,
plus on s’efforçait de ne pas les voir !
L’histoire
regorge de ces saynètes dramatiques ou drôles selon le niveau où elles se
situent. Il est facile de tromper la population et, quand elle se réveille, il
est trop tard!
A quoi
sommes-nous confrontés aujourd'hui ?
La
gouvernance de la CCHA a lamentablement échoué. Des sommes importantes ont été
dépensées avec nos impôts pour un résultat nul.
Mais,
qu’importe, le même scénario, encore plus ridicule et dangereux que le
précédent a été reproduit par deux fois.
La
gouvernance de la CCHA est revenue à l'assaut, camouflée derrière un rideau de
fumée. Le maître d'œuvre du nouveau projet, réduit à huit communes, fut le
conseil municipal de Champigné, tout-au-moins c'est ce qu'on veut nous faire
croire. La ficelle était grosse ! L'astuce fut commode d'emploi, plus
personne ne prit réellement la responsabilité des orientations données.
"Allo, bonjour, je voudrais parler au conseil municipal de Champigné s'il
vous plait!".
"Désolé, il est absent!".
Passant
par-dessus la tête des maires élus, le conseil municipal susdit, dialogua directement
avec chacun des conseillers municipaux des huit communes. Il décida de
résoudre, en un mois, tous les problèmes de gouvernance, de fiscalité,
d'emploi, d'organisation interne, de charte qui n'avaient pas été résolus en
six mois par la précédente équipe.
A noter
qu'on rechercha vainement un projet de territoire. Dans cet agglomérat
disparate de communes n’incluant plus Châteauneuf et Miré, la gageure était de
taille. On en inventa un. Il laisse rêveur : « La
communication ». Ce service de base de toute commune un peu étendue et
peuplée est devenu un « projet de territoire » ! Les habitants
apprécieront ! Encore un peu et c’était « La
comptabilité » !
La
commune nouvelle s’est, entretemps, réduite à sept. Les conseillers municipaux
de Juvardeil ont été assez intelligents pour se sortir de la nasse. Les autres
ont voté « oui », aveugles, hypnotisés par l’habile triumvirat. Ils
furent relayés dans chaque conseil municipal par des missi dominici fidèles.
Classiquement, lutter contre le courant était suicidaire, mal vu, suspect. Les
chevaux de Troie ont, depuis, récolté leur récompense sauf certains, dont le
rôle subalterne n’a pas été payé en retour.
La fusion
a été précipitée, sans déminage de terrain, sans réflexions quant à ses effets
secondaires. Pourquoi, justement, tant de précipitation ?
Quelles
sont, encore une fois, les véritables raisons d'une frénésie qui dépassa
l'entendement ? Les mêmes ! Reportez-vous aux chapitres précédents.
Répétons-le,
un regroupement de communes ne se fait pas pour des raisons autres que
l’amélioration de la vie des habitants qui la composent. Cette population qui
nous a élus attendait de nous, avant tout, une démarche positive, dénuée de
toute arrière-pensée de politique ou de gouvernance. Ils attendaient de nous
sérieux, compétence et honnêteté !
Nous
pouvions espérer que les maires se concertent enfin, comme il est d’usage, pour
poser la première pierre d’un édifice bâti sur des fondations solides. En lieu
et place nous avons eu droit à une mascarade de démocratie qui consista à
mettre en avant un théâtre d’ombres dans un décor de stuc. L’action fut anonyme
car diluée dans un conseil municipal qui, par ailleurs, n’avait aucune
légitimité à mener ce type d’action. Derrière le rideau, une ou deux personnes
tiraient les ficelles. Beaucoup d’élus fermèrent les yeux, trop heureux de
déléguer ainsi leurs responsabilités.
Quant à
la population, elle fut soigneusement tenue à l’écart. Le mélodrame se joua à
guichets fermés. Elle n’a pas été consultée. Le destin des sept villages
concernés a été scellé, discrètement et à la sauvette, lors des conseils
municipaux de fin septembre.
Le seul
problème est que cela impactera nos vies pour des dizaines d’années sinon des
siècles ! On croit rêver !
Mais
enfin, reconnaissons-le, un fait est acquis : Mme la présidente de la CCHA
a sauvé sa tête. Désormais, elle est maire d’une commune de près de 4000
habitants et conseillère communautaire de la CCVHA. Et ses vassaux ont été
récompensés de leur action.
Ils
siégeront comme vice-présidents, ou simples membres, dans cette communauté de
communes qu’ils ont tant décriée, voilés dans leur dignité de maires délégués
de communes ayant perdu leur âme !
La
présidente a loupé un échelon et je m’en réjouis. Elle ne sera pas présidente
de la nouvelle communauté de communes. Elle y a bien pensé mais, la marche
était trop haute.
Il lui
reste à organiser la gouvernance et la gestion de la commune nouvelle des hauts
d’Anjou. J’espère que ce ne sera pas trop difficile pour elle car, après
avoir tant parlé de compétences, je crains fort qu’il soit question, maintenant,
d’incompétence !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire